Non, le Maroc n’a pas été éliminé à cause de la chance

Par le 23 juin 2018 à 15:03

La joie marocaine de rejouer une Coupe du monde a vite été calmée par nos deux défaites successives, face à l’Iran et le Portugal. On se fait avoir par un coup du sort dans le premier match, puis avec un but contre son camp du malheureux Aziz Bouhaddouz, puis un but précipité de Cristiano Ronaldo lors du Maroc contre le Portugal. Mais doit-on pour autant imputer cela à la malchance ? Celle de tomber dans le groupe de la mort et de perdre avec des scénarii aussi peu favorables …

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Groupe de la mort au tirage au sort

Rappelons le contexte du tirage au sort. Le Maroc est dans le quatrième chapeau et s’attend à tirer des équipes très difficiles. Néanmoins, avoir l’Espagne et le Portugal était un scénario que même les plus pessimistes n’ont pas osé envisager. Le chapeau 3 contre lequel on tombe est l’Iran, la meilleure équipe asiatique. Est-ce réellement une affaire de chance de tomber dans ce groupe ? Loin s’en faut. Avant que le Maroc ne soit tiré, Le Sénégal, l’Egypte et la Tunisie, qui sont tous les trois dans le chapeau 3 ont été affectés à leurs groupes respectifs. On ne pouvait donc plus être dans leurs groupes, car ce sont des pays affiliés à la zone CAF comme nous. On avait une chance sur 5 de tomber dans ce groupe, puis une chance sur quatre après que la Serbie fût tirée. Le risque était donc bien plus élevé qu’à l’origine (1 possibilité pour chacun des 8 groupes de mondialistes). C’était pile ou face, et nous avons perdu.

Si de façon intuitive, on peut se dire que le fait de tomber dans le groupe de la mort incombe à la malchance, dans les faits, on se rend simplement compte qu’on doit cela essentiellement à notre classement FIFA. Avec de meilleurs résultats lors de ces dernières années, nous aurions été chapeau 3, ce qui aurait décuplé nos chances de tomber dans un groupe plus clément, en plus de nous éviter la meilleure équipe asiatique. Effectivement, l’Iran était dans le chapeau 3. La chance au tirage au sort, ça se mérite par les résultats.

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Maroc-Iran, crucifixion à la dernière seconde

Contre l’Iran, le Maroc a fait ce qu’il avait à faire. Il a pris le jeu à son compte, a tout fait pour se créer des occasions de buts et a flanché dans le dernier geste. De l’autre côté, l’Iran ne fait aucun tir lors de la deuxième période et gagne quand même le match. Est-ce pour autant un manque de chance ? Rien n’est moins sûr.

Quand on s’attarde à la conférence de presse de Carlos Queiroz, le sélectionneur iranien, à la veille du match, on comprend très vite les intentions du tacticien. « J’ai bien expliqué à mes joueurs que nous devions défendre pendant tout le match, mais en gardant la certitude profonde que nous allons quand même gagné le match« . Nos joueurs étaient prévenus et les Iraniens savaient ce qu’ils faisaient en nous laissant le ballon. Grâce au conditionnement psychologique de leur coach, ils ont réalisé le scénario qu’ils avaient prévu : défendre tout le match et remporter quand même les 3 points.

Carlos Queiroz a même enfoncé le clou lors de la conférence de presse d’après match en expliquant que son staff et lui-même ont énormément étudié l’équipe du Maroc, ainsi que ses faiblesses. « Nous avons souhaité les briser psychologiquement en cassant le jeu pour qu’ils finissent par douter de leurs capacités » et c’est exactement ce qui s’est passé. Le Maroc a commencé très fort, n’a pas marqué, l’Iran s’est mis à casser le jeu et pourrir le match et nos joueurs y ont cru de moins en moins. Le scénario est cruel, mais il est avant tout dû au génie tactique de Carlos Queiroz, ainsi qu’à la faiblesse psychologique de nos joueurs.

Hervé Renard est également loin d’être exempt de tout reproche. D’abord, il fait jouer Amrabat arrière droit à la place de Dirar. Non seulement on se prive de son apport offensif (dont on a vu l’intérêt contre le Portugal), mais en plus il le met dans une position qu’il affectionne très peu. Au final le joueur se blesse et c’est son frère Sofyane Amrabat qui le remplace. Là encore, c’est un choix tactique qui n’a pas été payant dans ce sens que c’est lui qui provoque la faute qui amène le but iranien. Ce choix a été surprenant car S. Amrabat n’avait jamais joué à ce poste de sa jeune carrière de milieu de terrain.

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Maroc – Portugal, la crucifixion précipitée

Le suspense a malheureusement été de courte durée contre le Portugal. Cristiano Ronaldo a marqué dès la 3ème minute du match, nous contraignant à une remontée de score qui s’annonçait très difficile. Le but arrive sur une erreur de marquage de notre défense centrale. C’est une erreur technique, qui se paie cash contre l’un des meilleurs joueurs de l’histoire. La chance n’y est pour rien, c’est le talent de Cristiano Ronaldo et l’erreur de Dacosta qui nous plombent.

Le Maroc s’est créé un grand nombre de situations de marquer, mais a été inefficace. Doit-on imputer l’inefficacité de nos joueurs au manque de chance ? Absolument pas. Nos attaquants étaient mal placés et Benatia a eu une meilleure présence dans la surface que Boutaib. On ne peut pas attendre d’un défenseur qu’il soit aussi précis dans son tir que Boutaib. L’arbitrage, et notamment l’abirtage vidéo, a énormément fait parler de lui. S’il est vrai que l’arbitre de la rencontre aurait pu être moins partial dans ses décisions, cela ne change rien à tous les ratés que nous avons faits. Les occasions manquées par nos joueurs incombent à leur manque de talent (placement, qualité technique) et pas du tout au manque de chance.

Là encore, Hervé Renard n’est pas non plus exempt de tout reproche. En faisant le choix de l’affect et de la polyvalence, il s’est retrouvé avec un groupe de joueurs très « sympa », mais sportivement peu compétitifs. Notre banc nous a clairement fait défaut lors de cette compétition et nous ne pouvions malheureusement espérer rien d’autre avec des remplaçants aussi déphasés des titulaires. Contre l’Iran, il fait rentrer S. Amrabat et A. Bouhaddouz. Le premier commet la faute du but, le second marque contre son camp. Contre le Portugal, ni Carcela ni El Kaabi n’ont pu (su ?) apporter quoi que ce soit. La blessure initiale de Nabil Dirar a fait beaucoup de mal, trop de mal. De là à ce que toute l’équipe s’écroule à cause de l’absence d’un arrière latéral droit, c’est que ce n’est plus un problème de chance, mais de cohérence globale et de choix infructueux.

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Le facteur chance est beaucoup trop surestimé dans le football de manière générale. Pour beaucoup, un gardien qui est souvent sauvé par ses poteaux, c’est un gardien chanceux. Mais en réalité, c’est son talent, et sa réputation de gardien imparable qui font que les attaquants qui l’affrontent cherchent des angles plus difficiles à atteindre et ont ainsi plus de chance de frapper au poteau. Une grande équipe se voit souvent siffler pour elle des penalties et on parle alors de « soumission psychologique » de l’arbitre face à l’équipe favorite. Mais en réalité, le fait que des faits de jeu comme les penalties, les poteaux rentrants, les déviations malencontreuses en faveur de la grande équipe, c’est toute somme logique. La grande équipe fait le jeu, se crée un maximum d’occasions, fatigue ses adversaires et les poussent à la faute (comme les penalties par exemple). Elle a également des joueurs de talent, suffisamment forts pour savoir bien se placer (déviations involontaires qui finissent sur un but…). C’est la qualité la plus primordiale qui nous manque avant tout pour gagner : le talent et les résultats. La chance, elle, (meilleur groupe de tirage, faits de jeu favorables), elle se provoque et se mérite par les bons choix, le bon jeu et les victoires.

Je suis passionné de nutrition et de gastronomie marocaine. Mon combat est de faire reconnaître que les deux sont complémentaires. Je suis également passionné de voyage et de découvertes, mais on dit que la plus belle chose à offrir au monde c'est soi. Alors j'aime les traditions et voue un culte déraisonné pour celles de notre pays.

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