Alaa Eddine Aljem avait fait sensation à la Semaine de la critique de Cannes en 2019 avec le « Miracle du Saint Inconnu », un film qui puise dans le burlesque marocain et qui raconte l’histoire d’un voleur qui cache son butin dans une colline avant de se faire prendre. Le temps a passé et il revient sur les lieux pour récupérer son dû. Il se retrouve face à un Saint Inconnu, enterré pile poil où l’argent est caché. Tous les moyens sont possibles pour déterrer son trésor. Un film d’une profondeur légère qui sort en salles aujourd’hui. Voici 7 bonnes raisons pour aller le voir.
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1. C’est drôle et profond
Tel un film des Frères Cohen auquel on ajoute une dose d’absurdité marocaine, le réalisateur écrit une oeuvre tout en finesse. L’histoire est bien ficelé, la mise en scène est sophistiquée. Le rythme est là, on rit quand on s’y attend le moins. C’est un comique de situation, le rire n’est pas forcé.
2.C’est un western marocain
Il y a une ambiance western maghribi et c’est un bonheur. Il y a des saloon en mode salon de coiffure pour homme où tout se passe. Il y a des bandits pas méchants, des méchants naifs, des sauveurs blasés, des héros malgré eux et des anti héros malgré eux aussi…Il y a la lenteur des silences et le silence du vide jusqu’au moment où il se passe quelque chose.
3. Les acteurs sont incroyables
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Younes Bouab, Salah Bensaleh, Anas El Baz et Hassan El Badida pour ne citer qu’eux, forment des duos d’acteurs tellement bien dirigés. ils sont justes, n’en font jamais trop, ne sont pas dans la caricature. Anas El Baz, médecin qui prescrit des dolipranes dans ce pseudo hopital au milieu de nul part et son infirmier, le Saint Guérisseur. Younès Bouab et Salah Bensaleh, le duo de truands qui vont tout faire pour récupérer le butin, ne sont pas méchants pour un sou. Ils sont drôles et touchants dans la peau de bandits peureux et pas très futés.
4.Le désert est sublimé
Dès le premier plan, le public sait qu’il va passer un beau moment. L’image est belle, le film se distingue déjà par sa qualité esthétique. Les plans larges savent capter la beauté d’un désert que le réalisateur aime filmer. Il film le paysage comme le personnage, les décors font partie du casting. On a souvent l’impression d’être avec eux, dans le feu de l’action. Ou la non action.
5. Younes Bouab de Zéro à à 0 butin
Younes Bouab, qui joue «l’intelligent » du village guette la colline où est planqué son butin tous les jours. Il est drôle sans le vouloir. Il se rend compte qu’un lieu saint bien gardé a été construit à l’endroit même où il avait laissé son trésor. Un trésor pour lequel il a été arrêté. Ses rêves d’une vie meilleure sont à quelques mètres, mais il doit trouver le meilleur moyen pour y arriver. L’acteur de Zéro démontre une autre facette de son talent. Plus dans la sobriété et l’intériorité. Il prouve qu’il a un capital comique sur lequel on devrait miser davantage.
7.C’est un film sur les croyances
Quand un sac volé devient un lieu saint où les gens se recueillent, c’est aussi surréaliste que drôle. Un sac qui devient un Saint par la force de la croyance, des croyances de cette micro-société composée de croyants absolus, de réfractaires, de soumis, d’outsiders aussi drôles et surréalistes les uns que les autres. Le tout sans prendre parti ou juger, juste observer. On y croirait presque aussi.
6. Il a séduit le monde déjà
En 2019 , l’avant-première à Cannes, à la Semaine de la critique n’était pas passée inaperçue. Le film avait déjà séduit la Croisette. Au Festival National de Tanger, l’année suivante, il raflait des prix et faisait sa grande tournée des festivals internationaux.
7. Alaa Eddine El Jem est un grand réalisateur à suivre
Dans la simplicité et l’élégance, Alaa Eddine Aljem dirige ses acteurs comme un metteur en scène de théâtre ou un chorégraphe. Les gestes sont étudiés, les mouvements travaillés, les scènes pourraient faire l’objet d’une exposition photo. Le minimalisme prévaut: pas de place au bavardage, les dialogues sont toujours à leur place, et les mots sont précieux. À décor minimum, textes percutants et impact maximum! Ce réalisateur qui démontré dans son premier long métrage qu’il avait une signature est un style propre à lui, est à suivre de très près…
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