Ceci est un article d’opinion. Il n’engage que la responsabilité de son auteur et ne reflète pas l’orientation ou le point de vue du site.
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Ce fut longtemps que mon esprit, ma pensée ainsi que ma plume n’ont su se connecter afin d’exprimer mon ressenti vis-à-vis de ce que j’appellerais le chao marocain.
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Je pense qu’il est temps pour moi d’en parler après avoir passé deux années plus ou moins à en décrypter le pourquoi du comment de ce malheur qui me pousse un peu plus chaque jour à perdre espoir en l’évolution de ce pays que je quittais à mes 17 ans pour m’armer dans l’optique de contribuer à sa naissance, sa nouvelle naissance.
Le chao marocain est l’histoire de notre peuple. Ce peuple tantôt divisé par les mentalités, les perceptions religieuses ou encore les classes sociales et tantôt uni par un bonheur éphémère (le football ou l’unité territoriale par exemple). Ce bonheur qui nous lie dans chacune des occasions continentales ou mondiales et qui ne cesse de prouver à quel point l’oubli de la réalité de notre société est facile.
Ce bonheur qui nous fera survivre, mais qui ne réussira jamais à nous faire vivre. Car pour vivre, droits de l’être, dignité et tolérance se doivent d’être piliers de toute stratégie politique, sociale, économique et j’en passe.
Ce bonheur nous aide à survivre car, en l’espace d’un instant, nous passons outre nos crises identitaires, notre échec politique ainsi que social. Nous célébrons notre appartenance à une même terre géographique à travers des couleurs, des chants ainsi qu’un dialecte qui font vibrer la quasi-totalité des Marocain(e)s à travers le monde. Cette même vibration qui expose la frustration d’une jeunesse perdue au sein d’une société actuellement désemparée.

RT en français
Je pense que l’on est en phase de révélation d’un nationalisme sous couvert d’une soif d’amour et d’unité manquant à divers autres plans au sein de notre société. Alarmante est la situation puisque ces plans sont entre autre directement ou indirectement liés au développement du pays : système éducatif, développement social et humain, libertés individuelles ou encore politique juste et démocratique.
Au fil des mois de cette dernière année, nous avons eu droit à des évènements découlant d’un passé silencieux, un présent déchirant et un future rejeté et inconnu. Triste mais vrai. Nous avons eu droit à :
- L’emprisonnement de la majorité de tout/toute citoyen/ne réclamant leurs droits les plus basiques en utilisant les fameuses étiquettes d’accusations qui ont jadis été utilisées pour justifier les actes barbares du makhzen.
- La violence présente dans plusieurs villes, pour multiples « raisons » et dans différents contextes… sans la moindre surprise, ces horreurs sont justifiées et tolérées par l’état basant ces verdicts sur des textes religieux, des traditions ou des pratiques infondées, qui sont en leur totalité « périmées ».
- Les sorties médiatiques des politiques s’opposant à la voix du peuple contre des sociétés privées/publiques qui ne cessent d’exploiter la main d’œuvre marocaine, les ressources naturelles de nos terres mais qui prenne un avantage énorme sur le retard politique du plan économique du pays. Ces mêmes politiques criant haut et fort être représentants du peuple qui les a élu.

RFI
Ceci dit, les Marocains ainsi que les Marocaines ont pu être acteurs/actrices ainsi qu’observateurs/observatrices de ces nombreuses injustices qui défilaient l’une après l’autre sans aucun changement visible.
Je suis divisée entre la citoyenne qui pense pouvoir changer ne serait-ce que le minimum possible en rentrant encore une fois au pays qui m’a vu naître et grandir, ainsi que la citoyenne qui en rentrant à chaque fois, perd espoir à la moindre tentative de discussion ou de débat avec n’importe quelle personne concernée.
La citoyenne optimiste en moi est malheureusement éteinte, mais continue de fonctionner pour la voix de l’être humain, les droits de ces derniers ainsi que l’évolution des mentalités dans la société.
Mon pays a besoin d’une aide dont l’accès ne sera certainement pas autorisé, du moins pas dans les années qui suivent. Parce que l’évolution de mon pays est plus contrôlée et rejetée que les lobbys ayant la responsabilité de tout fait lié aux perspectives de changement positif, petit ou grand soit-il.
Je suis peut-être éteinte du haut de mes 20 ans par rapport à la situation actuelle de mon pays, mais cela ne veut aucunement dire que je suis morte. Avant que ce désarroi ne tue mon esprit, je ferai en sorte d’avoir fait entendre la voix de la souffrance, celle de la justice et celle du développement.
Mon pays saigne, mais l’appel à l’aide ne signifie plus grand-chose…
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