113 artistes sur scène, 70 mâalems de tout le Maroc réunis. Ce n’est pas un songe, c’est la réalité de ce samedi soir à Essaouira où l’Associations Yerma Gnaoua en partenariat avec la SNRT, a proposé une émission spéciale pour célébrer l’inscription de la culture tagnaouite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Récit d’une aventure féérique.
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Des lumières, des couleurs, des rythmes et des voix à l’unisson pour célébrer un évènement important. Depuis décembre 2019, Gnaoua fait partie du patrimoine culturel de l’UNESCO. Une consécration pour cet art qui était en voie d’extinction avant l’arrivée du festival il y a 23 ans. « Longtemps marginalisée, la culture Gnaoua est aujourd’hui reconnue comme un patrimoine universel et une composante majeure de notre identité nationale » confie Neila Tazi, fondatrice du festival. « Depuis 1998, date du lancement du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira par une poignée de passionnés, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Aujourd’hui, les Gnaoua sont invités à jouer sur les scènes les plus prestigieuses à travers le monde et collaborent avec les plus grands musiciens internationaux ! »
Gnaoua forever
Comme un air de festival, ce weekend a Essaouira a renoué avec la culture des grands concerts, de la musique dans la rue, des régisseurs qui courent , des préparatifs qui donnent du baume au coeur. Sous forme d’émission enregistrée , le concert revient sur la tradition tagnaouite le temps de 120 minutes de rythmes, de chants et de partage. « Cette émission a été pensée afin de refléter toutes les dimensions de la culture gnaouie. La scénographie reprend les codes visuels de cette culture ancestrale pour une immersion totale dans cet univers fascinant. Au rendez-vous, toutes les actrices et tous les acteurs d’une vraie lila traditionnelle seront présents ».
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La valse à 4 temps , la lila à 1000 temps
L’émission se fait selon 4 plateaux en respectant les traditions.
AL ADDA :
C’est le début de la lila, sorte de préambule à la cérémonie sous forme de procession. C’est le moment où tous les acteurs prennent place ainsi que chaque accessoire : cierges allumés, braseros, tissus de couleur, plateaux… Les chants invoquent Allah et le Prophète Mohammed.
OULAD BAMBARA :
C’est la première série d’incantations. Ce n’est pas encore le moment pour la transe, c’est celui de la danse, véritables chorégraphies, seul ou en groupe. Sont évoqués Allah, le Prophète Mohammed, les maîtres anciens Gnaoua et certains esprits. C’est une sorte d’incantation d’ouverture de la veillée.
NOUGCHA :
C’est ici que les crotales font leur entrée sur un rythme lent et lancinant qui ira crescendo. Les paroles de la Nougcha sont une invocation de Dieu, des proches et de la mémoire des anciens maâlems sous l’égide desquels le chanteur place son travail et demande qu’il soit accepté.
LEFTOUH :
C’est le moment de la lila ou tout est en place pour passer à la partie musicothérapie de la cérémonie. Cette phase nécessite l’installation des accessoires : plateau, foulards de couleurs, encens… le maître musicien déroule alors le répertoire d’incantation des mlouks, divisés en huit grands groupes, avec chacun sa couleur.
Un tableau final à couper le souffle
Mâalems, Mqadmat ou maîtresses de cérémonie, les kouyous et les mbakhrat ont donné une belle dimension à cette émission le temps de rappeler au monde que la tradition tagnaouite n’est pas morte, au contraire ! Au menu: 71 MAÂLEMS, 26 KOUYOUS , 7 MQADMAT, 7 DRAPEAUX et 2 MBAKHRAT de tout le royaume. « Aujourd’hui comme hier, nous refusons de baisser les bras et de voir se taire la voix des Gnaoua, même momentanément. Il est de notre devoir de soutenir ces artistes, surtout en ces temps difficiles. De résister par l’art et par la création. C’est pour toutes ces raisons, que l’association Yerma Gnaoua et la SNRT ont décidé d’unir leurs forces pour produire cette émission très spéciale, une véritable célébration de la culture gnaoua » rappelle Neila Tazi.
Hommages à ceux qui sont partis…
L’évènement était aussi et surtout l’occasion de rendre hommage à ceux qui sont partis à l’image de Feu Maâlem Mahjoub Khalmous de Marrakech qui a eu le droit à une lila en sa mémoire avec Maâlems Ahmed Baqbou et Brahim Belkani Guest Maâlem Abdelkebir Merchane à la Zaouia Sibna Bilal . Feu Maâlem Abdeltif Makhzoumi de Marrakech a été célébré par Maâlems Abbas Baska et Moulay Tayeb Dahbi Guest Maâlem Mustapha Baqbou à la Zaouia Issaoua et Feu Maalem Said Oughassal de Casablanca a reçu un bel hommage de la part de Maâlem Rachid Hamzaoui Guest Maâlems Abderrahim Oughassal et Ismael Rahil à Dar Souiri. Une occasion de plonger dans les différentes maisons de la tagnaouite à travers les lilas Rbatia, Marasouia, Chamalia ou encore Sebtiya. Des subtilités de cette culture qui pourront désormais vivre à travers un héritage fort et à jamais préserver…
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