Ces derniers mois, l’on ne peut que discerner cet essaim de témoignages tout aussi écœurants les uns que les autres qui émane de nos timelines et nos plateformes sociales à longueur de journée. Agressions, violences, harcèlements… l’on ne finit jamais. Bon gré mal gré, bon nombre de femmes marocaines – pour ne pas dire toutes – enchaînent une vie de contrainte qui revêt multiples facettes au sein de cette société « contemporaine » qui s’acharne sans répit. De nouveau cette fois-ci, un témoignage d’une jeune fille marocaine a laissé la toile sans voix. Simplement, quand des envies insouciantes dégénèrent, et finissent en réanimation. Sortir de chez soi est de nos jours une version revisitée – et plus glauque – de l’aphorisme « à tes risques et périls ». Retour sur cet incident « haut-le-cœur », en détail.
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Douaa Jihane, protagoniste de l’incident en question, se retrouve à Casablanca, sa ville natale. Elle se réveille à 6h du matin, comme de coutume. Tout s’annonce comme prévu en cette belle journée comme tant d’autres. Toujours rien à signaler. Ce n’est que vers 17h30 que la jeune fille a « la fâcheuse idée » de marcher au lieu de prendre un taxi. Comme cette dernière le souligne sur son post Facebook, ces petits plaisirs imprévus lui manquaient. Durant environ 30 minutes de trajet à pied, une armada d’agressions verbales cyniques se déchaîne sur Douaa… Et c’est là que deux individus dénués de tout intellect et de toute once de bonne conscience citoyenne se mettent en face d’elle : l’un des deux agresseurs jouait impassiblement avec son briquet à la main et criait haut et fort, toujours sans outre scrupule, qu’il ne bougerait pas le petit doigt que lorsqu’il verrait ce qui se cachait sous la jupe de la jeune fille. Les deux agresseurs s’approchaient doucement sans crier gare, et la victime se voit de nouveau obligée d’assister à une scène qui fait froid dans le dos. Mais ce n’est pas tout. Au Maroc tu peux t’attendre à tout, et Douaa n’a malheureusement pas été épargnée. Comme dirait l’autre, gardons le « meilleur » pour la fin. Ou pas.
A 22h00, la jeune fille arrive finalement chez elle – ou presque – encore secouée mentalement à cause de la bassesse de cette société dont la situation ne fait qu’empirer au fil des jours. Une société laissée à l’abandon et vouée à l’échec de la réforme.
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Cherchant ses clés dans son sac tout juste devant la porte du garage, son instinct est sur le qui-vive. Elle se dit que son sixième sens lui joue sûrement un mauvais tour. Sortie un peu vers la lumière pour y voir plus clair, deux individus en moto s’approchent de la victime, jusqu’à lui arracher son sac. La guerrière qui sommeille en elle reprend vie, et puisque le concierge n’est qu’à quelques pâtés seulement, l’adrénaline atteint son paroxysme et l’espoir suit son cours. Après s’être bien débattu, l’un des agresseurs lui tient le bras et demande à son acolyte d’accélérer pour ensuite la lâcher soudainement afin qu’elle atterrisse à terre, juste sur la tête.
La jeune fille souligne qu’elle a été en quelque sorte une proie facile aux yeux de ses agresseurs: Vêtue d’une robe, sac à main de marque et zone villa. Le comble. Les deux individus n’y voyaient que du gain facile. Le concierge vient enfin, l’aide à se relever et se blase: « Oh non, je ne savais pas que c’était toi… »
Après des douleurs intenses et une visite aux urgences pour un scanner, Douaa est retenue pour une chirurgie, et pour cause: Un hématome cervical et une contusion hémorragique.
❞Je me dis bien que si j’étais issue d’une famille pauvre, je serais déjà morte à l’instant – Douaa Jihane
Cela fait une semaine que ceci a commencé, après trois jours en réanimation, ou ce qu’elle préfère appeler une retraite spirituelle. La jeune fille se demande comment elle a pu être si bornée pour se révolter pour ses droits en tant que Femme Marocaine en oubliant le plus important, son droit à la citoyenneté, son droit à la sécurité, voire même son droit à vivre en paix tout court.
❞Je prie pour le jour où je pourrais enfin sortir vêtue de mon sourire et rentrer chez moi le mental intact, où je pourrais marcher en toute liberté sans que personne n’ait le culot de s’introduire sans préavis dans mon espace propre à moi – Souligne Douaa
“ En ce jour noir même du 26 juillet, je venais de lire un article sur la fuite des cerveaux du pays, un article qui essayait tant bien que mal de clarifier les raisons derrière ce phénomène. J’ai envie d’ajouter que si ton cerveau est assez cher pour toi, tu finiras par cerner son épanouissement, sinon on te l’anéantira: soit à cause de deux délinquants, du gouvernement ou des concitoyens. Pas d’échappatoire. Ceci dit, je vais bien, mieux même. Avec un cerveau bien tenace, je n’apprends que par la douleur. Et cette fois-ci j’en ai encore plus appris. Je m’en suis sortie plus souriante que jamais et encore plus débordante de vie. Je le dis et je le redis pour la énième fois, ma société bien aimée je ne me soumettrai pas. Je ne veux plus entendre d’alternatives infondées: « Ne réponds plus aux hommes qui t’agressent, et si jamais tu te confrontes à un voleur, lance tout ce que tu as sur toi! » ”
Juste au-dessus son post Facebook, des femmes se serrent les coudes, s’avouent des mauvaises expériences et s’apitoient sur le sort de cette gente féminine qui ne cesse de céder à ses droits, une situation dont la société est la cheville ouvrière. D’entre les centaines de messages qu’a provoqué ce témoignage émouvant, on peut très bien identifier le désespoir des marocains, tous âges confondus. Alors que certaines affirment avoir « la boule au ventre » dès qu’elles rentraient au Maroc, inquiètes pour le sort de leur familles, notre guerrière, garde le sourire malgré elle…
Que justice soit faite.
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