Ayoub El Machatt, un artiste aux multiples talents

Par le 21 février 2014 à 2:08 - 90 réactions

Chanteur et musicien multi-instrumentiste, Ayoub est un jeune marocain plein de talent et d’ambition. Il nous raconte ses débuts dans la musique, nous explique la technique du one-man band qui a fait son succès, et nous confie ses projets futurs. 

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Ayoub je te laisse tout d’abord te présenter.

C’est la plus dure des questions ! Je suis Ayoub El-Machatt, 20 ans bientôt 21, de Kénitra, en 3ème année à l’ENCG Kénitra. Je suis compositeur, arrangeur et musicien multi-instrumentiste. Je fais de la musique depuis tout petit, mais ce n’est que récemment que je me suis lancé sur le web – Youtube, avec des vidéos de one-man band.

Justement, le concept de one-man band est assez novateur. Tout d’abord, comment fais-tu pour maitriser autant d’instruments ?
Driss : J’ai essayé pendant 2 ans d’apprendre à jouer à guitare, sans succès ! Mais comment tu fais pour être aussi synchronisé en jouant d’autant d’instruments !

Il y a un seul mot pour l’expliquer : la passion. Il suffit d’être passionné. Je ne dirais pas qu’avec la passion tout devient facile mais ça ouvre des chemins, ça permet de trouver des solutions.
J’ai commencé la musique à 8 ans, et au primaire c’est flute obligé ! Au début, j’ai acheté une flute bien sur, j’y consacrais un peu de temps, notamment en cours… et petit à petit je me suis passionné pour cet instrument. De temps en temps je piochais dans les bouquins, je m’intéressais aux partitions etc. Pendant que mes copains essayaient de s’en sortir avec Frère Jacques, moi j’avançais, j’allais plus loin.

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Tu veux dire que tu as appris le solfège tout seul ?

Oui oui tout seul, au début en tous cas. Mon père (que Dieu aie sont âme) a essayé de m’inscrire au conservatoire, sauf que j’étais trop jeune. J’avais donc un bouquin vert très intéressant, avec autant de partitions de musique classique que de musique contemporaine ou arabe. Et un ou deux ans plus tard, à l’âge de 10 ans, on m’a inscrit au conservatoire. Bien sur, je ne t’apprends rien, le conservatoire à Kénitra ce n’est pas tout à fait ça…

Pourquoi ça ?

Bon Kénitra d’abord c’est Kénitrou (rires), côté culture c’est mort (et j’espère de tout mon cœur que ça s’arrangera le plus tôt possible)… à côté du conservatoire, il y a une morgue. Dans ce conservatoire, il n’y a pas d’infrastructures, les salles sont calamiteuses… les profs sont bons, mais il n’y a pas de moyens pour aller de l’avant. J’ai passé 10 ans là bas. J’ai fais du solfège, du violon, et de la caisse claire.

Chnahoua (de la quoi) ?

De la caisse claire. La caisse claire c’est le tambour de la batterie, l’élément de base pour les marches militaires et les œuvres classiques.

Le problème aussi c’est que les profs n’étaient pas très ouverts, ils étaient très centrés sur l’académisme, tout ce qui est classique. Ils ne toléraient aucune autre forme de musique. Ils nous expliquaient des trucs abstraits qu’on ne comprenait pas et dont on ne voyait pas l’utilité… C’est ce qui m’a poussé à chercher et à m’auto-former tout seul  et c’est comme ça que je me suis vraiment lancé dans la musique. J’ai commencé à comprendre à quoi servait la théorie musicale, parce que ce n’est pas évident. Et j’ai commencé à m’intéresser au blues, au jazz, au Rock’nroll…

Petit à petit je me suis ouvert à d’autres musiques, notamment Nass El Ghiwane, les Beatles, Elvis Presley, Eric Clapton… Et je me suis dis tiens pourquoi ne pas me frotter à chaque style, avec ses instruments. J’apprenais sur Youtube, sur des bouquins et des sites… et le reste a suivi ! Ca reste beaucoup de passion, limite c’est lbelya (l’addiction) ! 3-4 heures par jour à jouer de tous mes instruments…

Et au niveau matos pour enregistrer, tu t’y es pris comment ?

L’idée du one-man band m’est venue au lycée, à 16-17 ans, sauf qu’à l’époque je n’avais ni le temps ni le matos. Je ne savais pas comment je pouvais m’y prendre. L’été dernier (2013), pendant le ramadan, je me suis dis : ces vacances, je vais faire quelque chose de bien ! J’ai quelques idées, pas mal d’instruments, je vais voir ce que je peux faire avec. J’ai passé une nuit à enregistrer un rythme de basse. Le lendemain j’ai ajouté de la batterie, puis un peu de piano… et pour que ce soit un peu déjanté j’ai ajouté du luth, du guembri et du Banjo… Honnêtement je ne m’attendais pas à ce que ma vidéo fasse autant le buzz, j’ai publié juste pour le fun ! Beaucoup de monde partageait et me faisait des commentaires très encourageants, les gens attendaient d’autres vidéos. J’ai alors décidé de me lancer là dedans…

Pourtant, tu ne publies pas de vidéos très souvent…

Là j’ai un rythme d’une vidéo tous les un mois, un mois et demi.
C’est un projet qui prend beaucoup de temps. Il y a plusieurs étapes : d’abord il faut que l’idée germe et se développe, ensuite je met ça sur papier, c’est à dire je décide des instruments, des arrangements etc. Ensuite je fais des répétitions, des sortes de brouillons d’enregistrements. Ca me permet de faire des test, voir si la batterie se marie bien avec la basse… Et parfois ça ne fonctionne pas ! Je me rend compte que mon idée, bien qu’elle me semblait tenir la route, ne donne rien de bon… Des fois il faut 10 jours seulement pour l’enregistrement audio, après il y a le mixage, le mastering, et vient ensuite le tournage de la vidéo et le montage… Avec les moyens actuels, je ne peux pas faire plus qu’une vidéo par mois… Sinon ce serait au détriment de la qualité.

Est ce que tu collabores avec d’autres personnes ?

Pour la première vidéo j’étais tout seul, dans la deuxième il y a eu Inès Benameur qui chantait Hit The Road Jack,  sur la vidéo suivante, Hajar Ryahi et Aabla Senhaji ont chanté Shams L3achia, pour l’Aid Lekbir, ensuite il y a eu Back To Black avec Safaâ El Ibaoui. D’autres collaborations sont pour très bientôt, notamment avec Yassine Jarram.

Tu t’intéresses à différents styles, d’où te viennent toutes ces influences ?

En gros, une chose me mène à une autre. Mes parents sont amazigh, ma mère est d’Agadir et mon père de Khemisset, ce brassage a fait que j’écoute beaucoup de folklore, d’oriental et de chansons marocaines dans la famille. J’avais des amis au lycée qui s’intéressaient beaucoup au rockn’roll et au blues, et au conservatoire j’aimais bien ce qui se faisait concernant Lmouwcha7at et Tarab l’andalousi… A l’ENCG, Badr, un ami à moi m’a beaucoup influencé, il écoutait très souvent du jazz… En vrai ce sont des amis qui m’influencent, ma famille. Des fois ce sont des coups de cœur, des découvertes à trois heures du matin sur Youtube.

Quelle est ta relation avec la scène ?

Tout petit, je me produisais sur scène durant les journées organisées par les conservatoires du Maroc (Fès, Tétouan…). Au collège j’avais un groupe avec deux potes (les jumeaux Chaabi), on s’essayait un peu à tout et on se produisait aux fêtes de fin d’année, à l’institut français aussi. Au lycée j’ai intégré un groupe de rock et de métal, vu que j’étais l’un des rares batteurs du lycée (rires). J’ai intégré le club de musique de l’ENCG (MUSI’K) par la suite, avec qui j’ai fais plusieurs concerts et une tournée nationale. Et depuis que je me suis lancé dans le one-man band, j’ai eu pas mal d’invitations pour jouer en live. Au début j’hésitais, je me demandais ce que je pourrai bien faire tout seul sur scène. Sur les vidéos ça va, il y a le montage, mais sur scène tout seul qu’est ce que je pourrai bien faire…  Le samedi 1er février dernier, lorsque j’ai été contacté par l’institut français pour un concert, j’avais prévu de relever ce défi… Mais malheureusement le concert a été annulé à cause de problèmes de sécurité. Là le prochain événement c’est le Concert contre le Cancer demain au Technopark de Casablanca, et c’est pour la bonne cause. Je serais aux côtés d’artistes marocains dont Saida Charaf et Majda El Yahyaoui avec qui j’ai l’honneur de partager l’affiche.

Est-ce que tu te vois vivre de la musique ?

Je compte profiter de mes études côté commerce et com’ et de mon expérience dans la musique pour faire de la production. Je compte me lancer inchallah dans la production et la composition, sans pour autant être au devant de la scène.

Quels sont tes projets futurs ?

Pour le moment je travaille sur un projet de maison de production. J’ai un home studio chez moi et après toutes ces vidéos, il y a eu beaucoup de personnes qui m’ont contacté et m’ont demandé de les enregistrer. Je me suis donc dit puisqu’il y a des gens qui sont intéressés, pourquoi ne pas développer cette idée et investir dans un meilleur matos, un vrai local et une bonne équipe.

Un mot pour la fin ?

Merci à tous ceux qui me soutiennent et croient en moi. Beaucoup m’ont demandé comment j’y arrive ? C’est la passion. Quand on est passionné on trouve du temps libre, on trouve des moyens. Il ne faut jamais dire que c’est impossible. Je remercie WLB pour tout ce vous faites pour l’art et la culture, et je passe un salut aux #mssiders qui se reconnaîtrons et à Moroccan Trolls qui a été la première page à partager mes vidéos !

Etudiante à EMLYON Business School, je m’intéresse notamment à l’entrepreneuriat, au marketing et aux ONG.

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