Othmane Choufani est une valeur sûre dans le monde du surf des grosses vagues dans le monde. Le jeune surfeur de 29 ans a surfé sur les vagues les plus dangereuses du monde. Le natif d’Agadir a affronté la vague Mavericks en Californie, Jaws à Hawaï et ce ne sont que des exemples. L’athlète partage son temps à sillonner le monde et réussit avec brio à représenter le Maroc dans un sport que peu de gens tentent de faire. Le surf extrême.
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Welovebuzz a rencontré le jeune homme qui nous a raconté son quotidien loin d’être anodin. Une belle rencontre humaine.
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Présente toi en quelques mots.
Je m’appelle Othmane Choufani, j’ai 28 ans et je suis originaire d’Agadir. J’ai commencé le surf à l’âge de 8/10 ans. A l’âge de 14 ans, j’ai décidé de poursuivre une carrière professionnelle. J’ai quitté le Maroc pour aller en France. J’étais entraîné par la Fédération française, mais je représentais le Maroc au championnats du monde junior pendant 4 ans.
La fédération française t’a pris sous son aile pour que tu puisses représenter le Maroc ?
Un contrat a été signé entre la fédération royale marocaine de surf et la fédération française de surf pour que je puisse intégrer leur système scolaire et d’entraînement, pour pouvoir finir mes études et ne pas laisser tomber le surf.
Le deal c’était qu’ils m’entraînent mais que je représente le Maroc. Il était hors de question que je représente un autre pays que le mien.
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Que s’est-il passé après les championnats du monde junior ?
Après 4 ans, je me suis lancé dans le free surf. Je suis devenu surfeur extrême parce que c’était vraiment une voie qui me plaisait, où je me voyais réussir, représenter mon pays et m’épanouir. A 19 ans, j’étais le premier et le plus jeune dans le monde à surfer Nazaré en 2013.
Ensuite, tout s’est enchaîné, j’ai continué mes études à Bordeaux et j’ai obtenu un bachelor en gestion marketing et commerciale en école de commerce. Une fois mon diplôme en main, j’ai continué à vraiment voyager et de me donner dans ma passion à fond. Je me lançais des défis personnels, et je les relevais.
Depuis ça a été ma vie, aux quatre coins du globe, à chasser de grosses vagues.
Pourquoi as- tu choisi le surf extrême et non pas le surf classique ?
Je n’ai jamais partagé cette histoire que je vais partager avec toi. À l’âge de 14 ans, je suis partie avec la team Rip Curl, qui me sponsorisait à l’époque. Les vagues étaient parfaites. J’avais aperçu de grosses vagues juste à côté de la compétition. J’y ai surfé toute l’après-midi. À la fin de la journée, j’ai reçu des photos magnifiques. J’avais perdu à la compétition, mais j’étais la star du diner.
Je me suis dit : “J’aime le surf, j’aime les belles vagues. Je ne m’épanouis pas spécialement dans la compétition mais il existe une autre voie, celle du surf extrême en essayant de chercher de nouvelles vagues, de nouvelles sensations et essayer de pousser à la fois physiquement, mentalement et sportivement. »
Le surf de grosses vagues demande beaucoup de préparation, physique et mentale et à la fois demande de surveiller les cartes météorologiques, de se débrouiller les visas autour du monde. C’est une autre dynamique de voyage et de surf, qui s’est présenté à moi et ça m’a vraiment motivé.
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C’est dur à croire, mais parfois il m’arrivait d’être assis au Mexique ou à Tahiti et de me dire : “Wow, hier j’étais à Agadir en train de petit-déjeuner avec mes parents. Et là, je suis en train de surfer les plus grosses vagues du monde”.
Je représentais mon pays, à chaque fois que je voyage, je suis le seul marocain. Grâce à ça, j’ai développé un énorme réseau. Il y a dix ans, les gens me disaient : “Mais tu viens du Maroc, y a-t-il des vagues au Maroc ?”
Alors que maintenant, ils me disent : “Ah tu viens du Maroc. Il y a des vagues parfaites là-bas.”
Peux-tu nous en dire plus sur ta qualification au Big Wave Tour ? Comment t’en es arrivé là ?
J’ai eu une invitation pour participer à la compétition de Nazaré après avoir passé 4/5 ans à essayer de me qualifier. C’est un monde assez dur où il faut faire ses preuves de professionalisme.
On peut surfer des vagues qui peuvent nous tuer. J’ai pris le temps de prendre quelques années pour me connaître et à montrer que je suis sérieux. J’ai réussi à avoir une invitation pour le Nazaré challenge qui est une compétition de surf de rames.
Mis à part ça, il y a le XXL Award qui est une nomination annuelle. Ma première nomination a eu lieu en 2014, sur le spot de Puerto Escondido (Mexique), puis, 2015, 2016, 2018 entre Nazaré, Jaws et Mavericks. En 2017, j’ai eu la nomination du Maroc. Une vraie fierté de voir mon pays nominé.Pour avoir cette crédibilité, il faut du temps.
J’ai surfé avec les meilleurs surfeurs du monde, et grâce à cette nomination, j’ai réussi à mettre le Maroc sur la carte des plus gros spots. C’était un moment incroyable.
Tu es le seul marocain à surfer dans les spots des plus grosses vagues du monde. Tu ressens quoi quand tu entends cette phrase ?
La première fois que je suis parti à Mavericks en 2014, je suis arrivé avec un ami à moi Greg Long, champion des grosses vagues, qui est venu me dire : “Tu sais que tu es le premier marocain à surfer sur les plus grosses vagues du monde ?”
Quand il m’a dit ça, je me suis dit : “Je suis le premier mais je ne veux pas être le dernier. Maintenant, j’ai fait mes preuves. J’ai surfé sur les vagues sur les vagues les plus grosses et les plus dangereuses. Le seul moyen d’y parvenir est de me pousser davantage à être le meilleur à l’international. »
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Cette prise de risque qui est omniprésente dans le surf extrême, comment arrives- tu a à vivre avec ? Quels conseils pourrais-tu donner aux gens qui ne se lancent pas à cause de la peur des conséquences tragiques que ça peut avoir ?
Tout le monde a peur. J’ai très peur. Mais pour la combattre je m’entraîne physiquement et mentalement avec beaucoup de sophrologie, de visualisation. Du coup, quand j’arrive sur ces spots et que les vagues sont effrayantes, je me recentre sur moi-même en me disant : “Je suis là où je suis censé être”. Le travail a été fait en amont, ma préparation physique, ma sécurité est là.
En 2014, je suis allé voir le capitaine du bateau et je lui ai donné ma carte et mon groupe sanguin. Avant, je ne le faisais pas à cause du mauvais œil.
J’étais arrivé au stade où j’avais toutes les chances de mon côté. J’étais prêt à accepter l’accident. Je n’y pense pas. Et j’essaie de mettre toutes les chances et tous les outils que j’ai en moi pour surmonter cette peur.
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Quels sont les nexts steps ?
Je voyage depuis 2013 autour du monde. J’ai réussi à avoir des images et des photos que je partage sur mes réseaux sociaux. Cette année, j’ai beaucoup d’images et je veux partager mon lifestyle. Ce que je fais en amont. Ce qui arrive avant une session, pendant et après. Par exemple, partager mon voyage d’Agadir vers Mavericks, c’était une expérience incroyable surtout pendant la pandémie du Covid. Du coup, j’ai lancé un vlog intitulé “Kayna Mouja” afin de partager avec ma communauté nationale et internationale mes voyages. Le but c’est surtout de montrer que si on a envie de quelque chose on peut y arriver.
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