
Le monde artistique marocain est en deuil. Le décès de Abdelkader Moutaa, figure emblématique du théâtre, du cinéma et de la télévision nationale, a bouleversé tout un pays. L’acteur s’est éteint ce mardi, laissant derrière lui un héritage immense et une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
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Un parcours inspirant, du Derb Sultan à la gloire nationale
Né à Casablanca dans le populaire quartier de Derb Sultan, Abdelkader Moutaa a grandi dans un milieu modeste. Avant de devenir acteur, il a exercé plusieurs petits métiers : menuisier, réparateur de vélos, ou encore employé dans un moulin à sel. Ces expériences de vie ont forgé chez lui une humanité et une authenticité que l’on retrouvera plus tard dans chacun de ses rôles.
C’est à travers le théâtre amateur qu’il découvre sa passion pour la scène. Son talent, son charisme et sa diction singulière ne passent pas inaperçus. Dans les années 60, il intègre progressivement les troupes professionnelles et fait ses premiers pas dans le cinéma marocain. Son rôle dans le film Wechma (1970), considéré comme l’un des jalons du cinéma national, lui ouvre les portes de la reconnaissance. À partir de là, son visage devient familier au grand public.
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Une voix et un regard qui racontaient le Maroc
Ce qui distinguait Abdelkader Moutaa, c’était sa capacité à transmettre la sincérité. Sa voix grave, son regard pénétrant et son jeu toujours juste faisaient de lui un acteur rare. Il ne se contentait pas de jouer : il incarnait, il vivait ses personnages. Son jeu reflétait la société marocaine dans toute sa complexité, entre espoir, douleur et dignité.
Pour beaucoup, il était plus qu’un comédien : il était une part vivante de la culture marocaine. Dans chaque rôle, il apportait cette profondeur émotionnelle qui fait la différence entre un simple acteur et un véritable artiste. C’est cette vérité, cette intensité et cette proximité avec le peuple qui ont fait de lui une légende.
De la scène au petit écran
Abdelkader Moutaa n’a pas seulement marqué le théâtre, il a aussi contribué à forger l’identité de la télévision marocaine. Dans un Maroc en pleine mutation culturelle, il a participé à la démocratisation de l’art dramatique en le portant jusque dans les foyers. Ses rôles à la télévision lui ont permis de toucher un public plus large, et son nom est vite devenu synonyme de qualité et de respect.
Parmi ses rôles les plus marquants figure celui du célèbre Taher Belfryat, personnage mythique qui a marqué des générations de téléspectateurs. Avec cette interprétation, Moutaa a su captiver le cœur du public marocain, tout en renforçant la notoriété du théâtre télévisé national. À travers ses performances, il a prouvé que la télévision pouvait aussi être un espace d’art et de réflexion.
Les dernières années d’un artiste discret
Ces dernières années, l’état de santé du comédien s’était fragilisé. La perte progressive de la vue l’avait éloigné des plateaux. Pourtant, même loin des projecteurs, il restait dans le cœur des Marocains. Les hommages affluent sur les réseaux sociaux, témoignant d’un attachement profond à celui qui a marqué l’histoire culturelle du pays.
Son départ rappelle la nécessité de préserver la mémoire des artistes qui ont contribué à écrire les premières pages du patrimoine audiovisuel marocain. Abdelkader Moutaa représentait toute une époque, celle d’un art sincère, d’une passion sans calcul et d’un engagement total envers la culture.
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