En plein milieu de la polémique sur la réforme de l’éducation, dans un Maroc tiraillé par le statut de la darija et la place du beghrir, on préfère prendre un peu de recul, même beaucoup de recul. Et s’il l’on faisait machine arrière pour explorer l’école du temps de nos parents ? Ils ne sont pas partis de grand-chose, mais l’école les a bien bâtis et ils ne s’en sont tout de même pas trop mal sortis. Lorsqu’on les interroge aujourd’hui, ils crient à la déperdition de la qualité de l’enseignement, à une crise des valeurs…
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Nous ne sommes pas là pour juger, mais simplement pour revenir sur ce passé qui résonne en nous comme des histoires d’antan. Zoom sur cette époque pourtant pas si lointaine que ça.
« L’école maternelle ? Connais pas ! »
Pour nos parents, la période d’avant les six-sept ans rime avec école coranique : Le masjid, le f9ih, le tajwid et parfois la fala9a ; et cette dernière les suivra jusqu’à l’école primaire.
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Le ta7diri : Première année d’école officielle
Les filles fréquentaient l’école des filles… Les garçons, celle des garçons. Naturellement, on enfilait les tabliers, on préparait les encriers, on écrivait sur le tableau à la craie. Ainsi défilait la journée.
Les cahiers d’écoliers
Pour ceux d’entre nous dont les parents ont conservé leurs vieux cahiers, on ne peut s’empêcher d’admirer la qualité et l’application avec lesquelles les lettres et mots sont tracés. Les « kennach » ou « daftar » ont beau être jaunis par le temps, ils font plaisir à parcourir, en français comme en arabe.
L’instituteur, figure d’autorité… mais bienveillante
À l’époque, nul n’osait élever la voix face à l’instituteur ou l’institutrice. On n’osait même pas les regarder dans les yeux. Et ce n’était pas une question de 7echma, mais simplement de pur respect. De son côté, et malgré les punitions (corporelles parfois), le maître garantissait une certaine bienveillance à l’égard des élèves, incarnant parfois la figure d’un parent. Quand on pense aux cas de tchermil aujourd’hui… À bon entendeur !
Swaye3 et cours particuliers… Késako ?
Pour nos parents, l’école était l’unique canal de réussite et de succès. D’une part, parce que le concept de cours privés était quasi inexistant. D’autre part, parce que certains de nos parents ne pouvaient pas compter sur l’aide des leurs pour les devoirs. Souvent, c’était aux enfants qu’incombait la tâche d’instruire les parents.
Nous ne sommes pas là pour comparer ou de prétendre qu’une époque est meilleure qu’une autre. Il s’agit de deux ères incomparables, les enjeux n’étant pas les mêmes. Le parcours scolaire est à l’image d’un circuit de course, long et parsemé d’embûches. Avant, il suffisait de franchir la ligne d’arrivée pour réussir et prétendre à un avenir meilleur. Aujourd’hui, franchir cette ligne n’est plus suffisant : Il faut savoir tirer son épingle du jeu et être parmi les meilleurs, d’où la pression qui pèse sur notre génération. Seulement, comment rendre cette course plus juste et équitable, sachant que certains coureurs possèdent les meilleurs chaussures de sport tandis que d’autres commencent leur course en vieilles baskets, en sandales et parfois-même pieds nus ?
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