Najib Boulif, le secrétaire d’État en Transport, avait annoncé la mise en place de de durcissement des conditions d’obtention des permis de conduire lors d’une conférence tenue mercredi 8 novembre à Rabat.
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La plus importante de ces mesures est l’augmentation du taux de réussite nécessaire aux épreuves théoriques sur la base de 34 points sur 40 pour la catégorie B (voiture), et de 40 points sur 46 pour les catégories C et D (respectivement camions et autobus/cars).
De plus, la durée d’obtention du permis annoncée sera de 45 jours au minimum entre la date du début de formation et celle du premier test appliqué.
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Le changement de conditions concerne également les tarifs de formation. Pour la catégorie B, le tarif sera fixé à 37 dirhams par heure pour l’épreuve théorique et 75,5 DH pour la formation appliquée.
D’un certain côté, cette décision contribuera à la réduction d’incidents routiers dûs à la méconnaissance du code de la route. Un taux de réussite plus exigeant opérera une sélection indéniable des éléments les plus à même de bien maîtriser le code de la route. Mais est-ce réellement cela qui est responsable du bilan macabre des accidents de la route au Maroc ?
En réalité, le mal est plus profond que cela. Selon une étude menée en 2009 par le Comité National de Prévoyance des Accidents de la Circulation (CNPAC), la moitié des conducteurs ne portent pas leur ceinture de sécurité, 21 % des conducteurs de deux-roues ne portent pas de casque et il en est de même de 76 % de leurs passagers. 85 % des conducteurs grillent les stops, 79 % ne respectent pas la priorité à droite et 9 % ne s’arrêtent pas au feu rouge.
De ce fait, peut-on réellement imputer le problème de la hausse de la morbidité routière à l’ignorance du code de la route ? À l’aune de ces statistiques, cela paraît moins évident. Combien de conducteurs ignorent l’obligation de mettre la ceinture de sécurité, l’interdiction de circuler devant un feu rouge, ou la nécessité de porter un casque quand on est conducteur ou passager en moto ? Il est difficile de penser qu’une hausse de l’exigence à l’examen de conduite rendra les conducteurs plus consciencieux.
Les vrais chantiers auxquels nous devons accorder de l’importance sont ceux de la sensibilisation et de la dissuasion. Les Marocains doivent prendre conscience que leurs routes sont 10 fois plus meurtrières qu’aux États-Unis et 14 fois plus qu’en France. Nos chiffres sont affolants et font de nous un des pays les plus dangereux sur la route.
Pour ce qui est de la dissuasion, les lois sont déjà en place et elles sont tout à fait sévères. C’est leur application qui manque. Les raisons de cette lacune revenant soit à la complaisance, soit à la corruption. Deux fléaux dont souffre le Maroc depuis l’indépendance.
Un autre point qui pose problème dans cette décision, c’est qu’elle s’arrête à la partie théorique de l’examen. Au Maroc, l’examen pratique est pour le moins rudimentaire. Les candidats à l’obtention du permis de conduire effectuent leurs exercices sur un circuit ultra-simplifié, sans même avoir à recourir à leur accélérateur dans 90% des étapes de l’épreuve. Il est vrai que la connaissance théorique et d’une importance primordiale, mais la maîtrise pratique l’est davantage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un examen aussi rudimentaire n’est pas la meilleure manière de sélectionner les meilleurs conducteurs. Y compris ceux qui ont d’excellents scores théoriques.
En attendant que nos pouvoirs publiques rectifient les lacunes que nous venons de citer, nous nous félicitons tout de même de ce premier pas entrepris dans l’idée de donner le permis de conduire aux meilleurs. En espérant que les Marocains conduiront mieux et qu’ils seront moins nombreux à mourir sur nos routes.
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