L’histoire de Khadija, la jeune fille originaire du douar Oulad Ayad près de Fqih Ben Salah, a fait trembler la toile et a suscité de vives réactions.
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Plurielle.ma
Depuis quelques jours déjà, au centre de polémiques, cette histoire circule à vitesse grand V sur les réseaux sociaux et fait la Une des journaux.

Instagram.com : Art by Nada
Suscitant colère, indignation, sentiment d’injustice, d’insécurité et de peur… le témoignage de la jeune fille de 17 ans, kidnappée, violée, battue, torturée et tatouée de force par ses tortionnaires n’a laissé personne indifférent. 2 mois d’horreur, 2 longs mois de peur, 2 interminables mois durant lesquels cette jeune fille a été réduite à l’esclavage sexuel, entre les mains de bourreaux à l’animosité féroce.
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#justiceforkhadija La violence, l’injustice, l’esclavagisme, la discrimination et le racisme n’ont aucune excuse.
— Antisexisme / OB 🇲🇦🇫🇷 (@boualissm) August 26, 2018
Émus, nombreux sont les internautes qui ont tenu à exprimer leur soutien à la victime par le #JusticePourKhadija. Dans un élan de solidarité, pour venir en aide à cette jeune fille, pétitions et cagnottes ont été lancées en ligne… parce que tous les moyens sont bons pour mettre la lumière sur cet acte barbare et dénoncer ces crimes horrifiants.
#JusticePourKadija
Elle s’appelle Khadija. Elle a été sequestrée, violée, torturée pendant deux mois par une bande de plus de dix personnes. Elle a été droguée et tatouée sur tout le corps par ses bourreaux. Elle se rappellera ainsi tout les jours du cauchemar qu’elle a subi. pic.twitter.com/11FDmWMFHU— Lylou Slass (@Lylou20) August 25, 2018
Khadija avait d’ailleurs déclaré « je veux que justice soit faite et qu’ils payent pour ce qu’ils m’ont fait subir »… et c’est justement l’objectif de ce mouvement lancé sur les réseaux sociaux. En parler pour dénoncer, en parler pour éduquer, en parler… parce que cela mérite que l’on en parle, que l’on débate, que l’on cherche la cause du vice et qu’on le soigne à la source… en parler pour trouver des solutions.
Elle s'appelle Khadija.Elle a été sequestrée, violée, torturée pendant 2 mois par 14 bourreaux violeurs qui l’ont droguée et tatouée sur tout le corps.Elle se rappellera tous les jours de ce cauchemar, de cette horreur et portera ses blessures en elle à jamais #justiceforkhadija pic.twitter.com/dJ2v3dwYUO
— Lou (@LouAmhair) August 26, 2018
À l’inverse de ceux qui tirent la sonnette d’alarme pour dire STOP, BARAKA, une autre tendance apparaît… celle du « ah encore une autre histoire de viol parmi tant d’autres« . Une attitude qui malencontreusement signe le désespoir de certains face à une situation qui semble s’aggraver au fil du temps et une culture du viol qui semble normalisée voire banalisée. Un détresse nourri par l’absence de changement notable, une désolation, une déception, une désillusion qui s’exprime souvent par « on a essayé, on en a parlé, et ça n’a rien changé ».
On est obligé de faire le parallèle entre l’affaire Saad Lamjarred et le drame de #Justiceforkhadija.
Le viol n’est pas un crime grave au Maroc. Dans le cadre de 3ibna wa7ed.
— Fadel (@fadelabdellaoui) August 26, 2018
Effectivement, les internautes marocains n’en sont pas à leur première histoire de viol mais NON, ce n’est pas pour autant qu’il faut arrêter d’en parler… au contraire, quand la société va mal, quand la société souffre de maux qui laissent sans mots, il en va de notre devoir de citoyens de continuer coûte que coûte à dénoncer et à partager les témoignages de l’infime minorité de femmes victimes de viol qui ont eu le courage de s’exprimer. Parce que derrière un seul et unique témoignage de viol se cache des dizaines (des centaines ?) d’autres victimes qui n’ont pas trouvé les mots, qui ont été paralysées par la peur, secouées par le traumatisme, menacées par leurs bourreaux, ou pire encore par leur propre famille (parents, mari…) et qui se sont terrées dans le silence, sombrant dans un mutisme absolu, mortel. Des rescapées inconnues, à demi vivantes mais déjà mortes à moitié.
On est là à se battre les flancs pour les mules balenciaga et la tenue de madonna et à attaquer les avis et les croyances des autres alors que Khadija et des milliers de femmes se font maltraiter chaque jour dans ce trou à rats #justiceforkhadija
— serotonin't (@nadation) August 25, 2018
Non, ce n’est pas « juste » une autre histoire de viol… parce qu’aucune histoire de viol n’est « juste » une histoire de viol. Et si c’était votre mère ? Et si c’était votre soeur ? Votre tante ? Votre cousine ? Votre épouse ? Votre fille ? « Juste » une autre victime de viol, vous croyez ?
Dans le bus, dans les rues, dans leurs propres maisons, la peur et le sentiment d’insécurité sont partout.
Non à la culture du viol.
Non à la banalisation du viol.
Non à la normalisation de la barbarie.

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