« Nta machi Rajal », « Hadi machi rojola ». Des expressions toutes faites qu’on entend à longueur. Qu’est-ce que cça veut dire? qu’est ce que ça dit sur notre société. C’est ce qu’est demandé Soufiane Hennani, militant marocain, qui crée le podcast « Machi Rojola » pour parler sans langue de bois. Il nous donne 10 conseils pour en finir avec la masculinité toxique.
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En plus de vouloir lutter contre une masculinité toxique et promouvoir des masculinités positives, l’idée derrière l’initiative « Machi Rojola » est de revendiquer une société diverse et plurielle où les Femmes et les Hommes sont égaux.

© Zainab Fasiki
Tout d’abord, qu’est-ce qu’une masculinité toxique ?
Le concept a interpellé les sociologues de genre depuis le début des années quatre-vingt-dix. La masculinité toxique est l’ensemble de comportements, des modes de vies et des idées toxiques liés à la masculinité qui nuisent aux Hommes et à leur santé mentale mais aussi aux Femmes et à toute la société. En contrepartie, la(s) masculinité(s) positive(s) est l’ensemble de comportements qui mettent les Hommes à égalité avec les Femmes. Il est important de rappeler qu’en questionnant les masculinités, il ne s’agit pas de catégoriser les hommes en hommes positifs et hommes toxiques mais surtout de reconnaitre les comportements toxiques des hommes et les remplacer par des « comportements positives » qui permettent aux différents genres de « coexister ».
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Zainab Fasiki
Vers une masculinité positive…
1.Comprendre que NON c’est NON
Ce qu’il faut surtout comprendre c’est que tous les NON sont des NON et que certains OUI sont des NON aussi surtout quand c’est lié à une pression sociale, un chantage émotionnel, professionnel… etc. Évidemment « Non c’est non » n’est pas valable que dans les relations sexuelles mais aussi quand un homme insiste pour un date, pour un numéro de téléphone ou un bisou… Toute tentative après un NON est un Harcèlement, une violence, selon le degré d’insistance.
2.En finir avec le Mansplaining
Consciemment ou consciemment, certains hommes se permettent de donner aux femmes des leçons dans leurs domaines d’expertise. Surtout quand il s’agit de politique, sport, High-Tech, Ingénierie, médecine.. . Car certains hommes considèrent que biologiquement, ils sont plus aptes que les femmes à réfléchir sur certains sujets même quand ils n’ont pas l’expertise. Exemple : Un infirmier qui explique à une femme médecin une maladie dont elle est spécialisée ! Non les gars ce n’est pas bien de faire ça !
3. En finir avec le Manspreading
L’espace public appartient à tout le monde. Il est inutile d’adopter une posture dans les trains, les bus et les taxis qui ne permet pas aux femmes de s’assoir confortablement. En gros, il s’agit de repenser sa façon de s’assoir et ne pas occuper plus qu’une place dans les transports communs. Beaucoup de femmes se plaignent..
4.Prendre soin de sa santé mentale
Un homme ça pleure aussi. Il est important pour un homme d’exprimer ses émotions. Ce n’est ni un signe de faiblesse, ni une raison pour avoir honte. Au contraire, un homme qui exprime ses émotions dans son entourage est beaucoup plus à l’aise avec sa masculinité. Il est aussi important pour un homme d’aller voir un psy quand ça ne va pas et de ne pas encaisser les coups. Ça pourrait même être une raison de toute la masculinité toxique exprimée par la suite. N’est-ce pas ?
5.Penser la masculinité au pluriel
Il n’y a pas qu’une façon d’être un homme. Il y a autant de masculinité que d’hommes. Et surtout il ne faut pas penser qu’il y a des masculinités plus valides que d’autres. Chez les hommes on trouve différentes expressions de genre, différentes orientations sexuelles et différentes façons d’être.
6.Respecter les Femmes, toutes les Femmes
Les féminités sont aussi plurielles que les masculinités. Tout comme les masculinités, toutes les féminités sont valides. Cis ou Trans. Un homme devrait respecter cette pluralité. Devrait respecter tout être humain. Tout être vivant…
7.Différencier la drague du harcèlement
Draguer, ça va dans les deux sens. On drague et on se fait draguer. Le harcèlement est à sens unique. C’est aussi simple que ça. Quand une femme n’est pas réceptive à un « compliment », quand un homme «complimente » une collègue tous les jours sur sa beauté au lieu de se focaliser sur son travail, quand un homme suit une inconnu dans la rue pour lui dire qu’elle est belle, sexy… C’est ça le harcèlement par définition.
8.Ne pas se réapproprier les histoires des femmes
Quand une femme te raconte une expérience personnelle avec le harcèlement, la violence ou la discrimination. Il faut éviter de répondre par « Moi aussi j’ai vécu ça » pour des multiples raisons. D’abord, parce que les violences faites aux femmes sont souvent systémiques. C’est-à-dire presque toutes les femmes les subissent d’une façon ou d’une autre dans leur vie ‘Harcèlement, Ghoosting… ». Et surtout parce qu’elle les subissent parce qu’elles sont des femmes. Dans le cas des hommes, la fréquence est beaucoup plus bas et surtout elle n’est pas lié au fait qu’ils soient des hommes.
9.Ne pas pas instrumentaliser les combats des femmes
Défendre les droits des femmes, c’est bien. C’est même excellent. Il n’y a pas plus noble que d’être un allié des femmes. Mais il ne faut pas tomber dans le pinkwashing et donc utiliser le combat des femmes pour travailler son image ou l’image de son commerce dans un but lucratif. PS :
10.Et puis sur le réseaux sociaux …
Ne soyez pas relou. Pas la peine d’attaquer une femme parce qu’elle ne répond pas à un message sur instagram ou qu’elle n’accepte pas une invitation sur Facebook. Ça s’appelle du cyber-harcèlement.Un conseil supplémentaire : Il est vraiment inutile de ghoster un ou une partenaire. Quand on décide de rompre avec quelqu’un, il n’y a aucun mal à lui dire, il est même souhaitable de le voir, le confronter ou au moins lui envoyer un message pour lui expliquer les raisons de cette rupture.
Soufiane Hennani rappelle que le choix de ces conseils est exhaustif. « Ces conseils représentent une bonne base pour aller vers une société saine, basée sur la justice de genre et l’égalité des sexes. Mais évidemment ce n’est pas tout ».

Soufiane Hennani
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