Après seulement deux matchs en Coupe du monde, le Maroc est malheureusement déjà éliminé de la compétition. Deux défaites successives ont été concédées par le groupe Maroc et les explications de la débâcle sont diverses : talent des adversaires, trac, inexpérience des joueurs, faillite mentale de certains cadre et choix du sélectionneur. Si sa responsabilité est engagée autant que tous les autres acteurs, tout n’est pas à jeter dans son oeuvre. Le meilleur est à venir.
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La méthode Renard
Hervé Renard est un coach très pragmatique. Pour s’adapter au jeu africain, il mise avant tout sur la solidité défensive, l’abattage physique et le pressing incessant pour étouffer l’adversaire. Pour la mise en place de ce type de dispositif, il privilégie les joueurs puissants, capables de répondre au défi physique de leurs adversaires. Une tactique payante qui nous a permis de faire un deuxième tour de CAN et de nous qualifier à la Coupe du monde après 2 décennies de disette.
Herve Renard est également un coach qui marche beaucoup à l’affect. Il a clairement expliqué que dans sa liste de mondialistes, il comptait sur un groupe d’une quinzaine de joueurs et qu’il attendait des autres qu’ils soient de bons accompagnateurs. Le but étant de récompenser les éléments ayant pris part à la qualification du Maroc au Mondial russe et choisir des joueurs qui auront le meilleur état d’esprit dans le groupe.
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Ce qu’il a raté
Dans son choix de la liste finale de mondialistes, il a misé sur la polyvalence de certains joueurs. Nordine Amrabat est pour lui à la fois un ailier et un latéral droit. Achraf Hakimi, latéral droit et gauche. Sofyane Amrabat, milieu récupérateur et troisième latéral droit. Youssef Ait Bennasser, milieu relayeur et défenseur central. Romain Saïss, défenseur central et milieu récupérateur, Dirar, arrière et ailier droit.
Alors que la plupart des entraîneurs doublent les poste, en prenant les 2 meilleurs joueurs à chaque fonction, Herve Renard bricole énormément et mise sur la polyvalence de ses joueurs. Malheureusement, il a suffi que Nabil Dirar soit forfait pour le premier match contre l’Iran, pour que tout s’écroule. Avec son absence, Herve Renard n’a eu d’autre choix que se priver de l’apport de Nordine Amrabat en tant qu’ailier en le faisant jouer arrière droit. Pourtant, quelques jours plus tard, on a vu toute l’importance de ce joueur à ce poste. La doublette Dirar-Amrabat a martytisé le côté gauche portugais, alors que la doublette Amrabat-Ziyech a eu du mal à faire bouger les lignes iraniennes. De plus, Amrabat se blesse après un choc à la tête et il est sage de penser que cela ne lui serait pas arrivé s’il jouait à son poste de prédilection. Acharnement du sort, c’est son frère Sofyane Amrabat qui rentre à sa place et qui provoque la faute qui amène le but iranien à la 95′.
La blessure de Dirar a contraint Renard à titulariser Amine Harit avec le repositionnement d’Amrabat et de ne plus avoir de joker sur son banc. Résultat : après 70 minutes de jeu à forte intensité, Herve Renard n’avait pas de solution de rechange sur son banc pour insuffler une énergie supplémentaire à une attaque qui commençait à baisser le pied.
Il est anormal que la blessure d’un simple arrière droit puisse provoquer un tel chamboulement dans l’équilibre de l’équipe nationale. Et c’est pour cette raison que l’approche par l’affect et la polyvalence ont démontré leurs limites au très haut niveau.
Ce qu’il a réussi
Hervé Renard est le coach des nouveautés. C’est avec lui qu’on se qualifie au 1/4 de finale de la CAN pour la première fois depuis longtemps et avec lui qu’on retrouve les joies de la Coupe du monde. Le fait de jouer nos 3 matchs en Russie est en soi une grande réussite.
La première réussite de Renard, c’est le fait de ramener Benatia dans le groupe Maroc. Ce dernier avait décidé de prendre sa retraite internationale à l’issue de la CAN 2017 et c’est l’intervention de Hervé Renard qui lui a fait changé d’avis. Avec lui, on se qualifie à la Coupe du monde en n’encaissant pas le moindre but et ne concédant pas la moindre défaite.
Il ne faut pas oublier que le Maroc est un pays africain et que tout se joue dans ce continent. L’adaptation au contexte africain est une condition sine qua non de réussite pour notre équipe nationale. Hervé Renard a mis en place une équipe compacte, très généreuse dans les efforts, forte physiquement et qui est très difficile à battre.
Contre l’Iran, notre adversaire n’a pas vu le ballon. Il a fallu un coup du sort à la dernière seconde pour que cette équipe nous batte. Contre le Portugal, malgré son statut de champion d’Europe et de favori pour la victoire finale, le jeu marocain a été supérieur. Le retour d’Amrabat a été salvateur et Raphaël Guerrero l’a appris à ses dépens. Notre pressing tout terrain n’a pas laissé au Portugal la moindre chance de développer son football et nos milieux récupérateurs ont marché sur ceux du Portugal. Avec plus de talent en attaque, on aurait pu marquer au moins une de nos nombreuses occasions manquées. Apprendre aux joueurs à se créer des situations de but, c’est le travail de l’entraîneur. Les concrétiser dépend de l’adresse des joueurs. La bonne prestation contre le Portugal est clairement à mettre à son crédit et elle présage d’un avenir meilleur avec l’équipe nationale.
Malgré une longue absence et une inexpérience manifeste du groupe Maroc, Hervé Renard a su redorer le blason rouge et vert. Grâce à son travail, les Marocains se sont enfin réconciliés avec leur équipe nationale et ont retrouvé la fierté qu’ils avaient perdue d’être représentés par ces joueurs. Avec lui, les joueurs ont retrouvé une ambiance beaucoup plus saine en équipe nationale, chose qui auparavant empoisonnait notre équipe nationale. Il a également intégré une génération de jeunes joueurs dont on peut attendre le meilleur, pour peu qu’ils travaillent dur et qu’ils affichent la même rage de vaincre que lors de ce Mondial.
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