Fake, la nouvelle pièce de théâtre en darija d’Ayoub Naïm

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Après les succès de « Allah Islah » et de « Khedmouni », la troupe 19h théâtre revient avec sa nouvelle création : « Fake », une pièce pièce comique en darija qui traite de la désinformation  et de l’intox. La prochaine représentation est prévue le mardi 22 février à 20h30 au Studio des Arts Vivants à Casablanca. On y va, mais avant on rencontre Ayoub Naim, le créateur de la pièce. 

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Histoire :

Fake raconte l’histoire d’El Mokhtar, jeune homme auquel la chance n’a jamais souri, et qui se retrouve malgré lui, le temps d’une journée, embarqué dans une succession de malencontreux événements complètement invraisemblables et surréalistes. Des faits qui seront faussement relayés et sournoisement détournés par des médias véreux. Une journée qui bouleversera à tout jamais la vie d’El Mokhtar et celle de son entourage. 7 personnages en tout :4 femmes, 3 hommes et une pièce de 1h30 portée par Ismail Alaoui, Imane Hadi, Hicham Echouhani, Hind Bennani, Latifa Hadi, Abdelhakim Aabour et Fatine Rahhou.  La Scénographie et la lumière sont l’oeuvre de Mohamed Amine Ait Hammou, la création son est proposée par Taoufik Belakhdar et la régie générale est celle de Mohamed Mahfoud.

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1. D’où est venue l’idée de créer Fake ?

L’idée de créer Fake est venu de l’observation de l’évolution du paysage médiatique et de la multiplication des intox et de la désinformation dans un contexte de recherche permanente du buzz. En tant qu’usagers des réseaux sociaux, on ne se rend souvent pas compte de l’effet domino et des effets parfois très néfastes que nos likes et nos partages peuvent avoir sur les personnes dont les vies sont exposés. On s’est alors posé la question : et si on voyait les choses de la perspective des personnes dont les vies sont exposées dans le cadre de prolifération de Fake News ? Si ce postulat a été le point de départ de l’histoire, on s’est vite rendu compte qu’on pouvait aller plus loin et explorer certaines autres thématiques connexes tels que le fatalisme, la superstition, la bureaucratie etc.

2. Comment on écrit et on met en scène à la fois?

C’est une tâche très complexe, surtout que c’était une première pour moi. Il s’agissait d’imaginer tous les aspects créatifs de mise en scène en amont. Ce qui laissait aussi beaucoup moins de marge de manœuvre par rapport à l’écriture. Ce fut un exercice interminable tant l’écriture impacte la mise en scène et la mise en scène l’écriture. Avec les comédiens de la pièce, on était constamment dans des aller-retours afin d’affiner des traits de caractères, des arcs narratifs et des développements de personnages. Nous avons travaillé ensemble sur des éléments d’écriture et de mise en scène au fur et à mesure que nous avancions sur le projet.

3. Est-ce que le fait de jouer est un plus pour diriger ?

Dans une certaine mesure oui. Cela permet de mieux comprendre les exigences des comédiens, de mieux intégrer leurs propositions, de se projeter sur leurs sensations et leurs postures sur scène. Toutefois, le travail de direction nécessite d’autres compétences plutôt en matière de gestion de projet et d’organisation. Par ailleurs, chaque comédien dispose à mon sens de sa propre méthodologie de travail, déterminée par sa propre sensibilité, de sa propre lecture du récit et de l’évolution de son personnage. J’ai essayé du mieux que j’ai pu de laisser une bonne marge de manœuvre aux comédiens, qui sont tous expérimentés et qui ont apporté énormément au développement du projet.

4. Pourquoi en darija ?

La question de la langue s’est posée dès le départ dans le cadre de cette création. J’ai même écrit des premières versions de la pièce en français. Très vite, on s’est rendu compte que pour mieux retranscrire nos intentions, la darija s’imposait. Elle permettait d’abord de parler un langage très grand public et ainsi de toucher plusieurs franges de spectateurs, mais aussi de mieux mettre plus en avant le caractère comique et ironique de certaines situations. La darija est cependant assez compliqué, tant il est facile de tomber dans du cliché. Un travail de dépouillement a été nécessaires pour atteindre le résultat actuel.

5. D’où est venue l’amour du théâtre ?

Je pense que l’amour du théâtre est venu très tôt, dès l’enfance. Qui n’a jamais rêvé d’incarner un personnage qu’il apprécie et qu’il adule ? On s’imagine tous, enfant, incarner des super-héros, des grandes figures du cinéma et des séries TV ou autres. Ce travail d’imaginaire est l’ingrédient principal à mon sens.
Bien qu’on puisse avoir l’impression que le théâtre se passe uniquement sur scène, en réalité on le retrouve dans notre quotidien et dans des scènes de tous les jours. Dans mon cas, il est venu dès l’enfance avec les jeux de rôle avec les amis du quartier, puis est venu le conservatoire d’art dramatique qui m’a permis de réaliser les premiers rêves d’incarnation et les premières montées sur les planches et enfin les premières représentations devant le public et les créations originales.

6. Pourquoi le théâtre et pas le cinéma ?

Le cinéma n’est jamais très loin. D’ailleurs plusieurs membres de notre troupe ont déjà des carrières bien entamés dans le petit écran et bientôt dans le grand écran. Mais je pense qu’en plus de l’amour pour le théâtre qui reste tout de même « le père des arts », il y a cette volonté de gérer tout le processus créatif. Il y a aussi la question des moyens et du savoir-faire. Le cinéma et la TV nécessitent beaucoup plus de moyens et des compétences bien précises dans le domaine de la réalisation, de la production, de la prise de vue, du montage… Mais pourquoi pas un jour.

7. Comment va le théâtre aujourd’hui au Maroc ?

Le théâtre, les manifestations culturelles, les festivals… ont connu un revers important depuis la crise sanitaire. La situation est encore compliquée aujourd’hui, et ce, bien que des efforts soient consentis afin de sortir de ce cercle vicieux. Beaucoup de professionnels du secteur ont subi de plein fouet l’arrêt et la baisse de régime globale ressentis ces dernières années.

8. Qui sont vos inspirations ?

Nos inspirations sont multiples, allant du théâtre classique au contemporain jusqu’au références marocaines et étrangères. Nos créations puisent ainsi dans le Vaudeville, dans du Molière, du Tayeb Seddiki, du Samuel Beckett, du Eugène Ionesco, mais aussi du Bernard Marie-Koltès… autant de registres ayant marqué nos formations théâtrales. Nos inspirations viennent aussi du cinéma qu’il soit moderne ou classique. C’est un véritable pot-pourri… dans le bon sens du terme.

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