Je suis marocaine, j’ai été internée en hôpital psychiatrique, maintenant je vais mieux

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Je suis une Fassia de 30 ans et j’ai une histoire compliquée. J’ai dû, depuis mon jeune âge, faire face aux difficultés de la dépression. Mais je n’en étais pas consciente. Je me disais que j’étais juste différente des autres. Plus je grandissais, plus j’avais du mal. Je faisais des crises de panique à répétition et je me refermais sur moi-même.

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Un jour, alors que je faisais mes études à l’étranger, je me baladais et j’avais une soudaine envie de me jeter sous les roues d’une voiture. Chaque jour, c’était récurrent, je pensais à des manières de finir ma vie simplement, parce que je me sentais fatiguée de tout.
En plus de ça, lors de cette période, j’étais tombée dans l’addiction, je fumais du shit, dès le réveil, jusqu’aux dernières minutes avant de dormir.
Je ne fréquentais que des fumeurs, nous étions dans un cercle vicieux. Plus je fumais, plus je m’évadais de la réalité. Mais même si je fuyais l’évidence, elle revenait me frapper en plein visage tôt ou tard.

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Tout a basculé

Le jour où tout a basculé, je venais de me faire larguer par mon copain, qui représentait tout mon monde. Je me suis sentie plus seule que jamais et je n’avais plus la force d’avancer, alors j’ai commis l’irréparable. J’ai tenté de mettre fin à mes jours. Ma colocataire m’a retrouvée et a appelé les urgences.

Les jours qui ont suivi sont flous dans ma tête. Je me rappelle que j’étais dans l’unité psychiatrique de crise et que j’avais autour de moi des personnes aussi abîmées que moi. Une fois que j’ai été admise là-bas, j’ai tout lâché. Je ne me battais plus pour être forte. J’avais besoin d’être faible, de me laisser tomber dans le gouffre où je me retenais de tomber. J’étais prise en charge. Je ne faisais que dormir et pleurer.

Solitude

Ce fut le premier jour où j’ai arrêté de me droguer. Je me sentais seule au monde, parce que ma famille se trouve au Maroc. Je ne voulais que personne ne soit au courant de ma situation. J’avais honte. Mais en même temps, je voulais avoir du temps pour faire une vraie introspection et comprendre mes démons.

Quelques jours plus tard, j’ai été transférée dans une clinique privée, où j’allais être avec des personnes de mon âge. J’avais très peur. Je me disais : “Mais je ne suis pas folle ? Pourquoi j’en suis arrivée là”. Je me rappelle sur le chemin, dans le taxi, j’ai dit au chauffeur de me raconter une histoire, juste pour ne pas penser. Mes yeux s’accrochaient aux rebords comme si c’était la dernière fois avant longtemps que j’allais voir la réalité.

Secret Story

Une fois arrivée à la clinique, j’ai été soulagée, j’ai retrouvé des patients qui étaient avec moi dans l’unité psychiatrique de crise. Oui, on se fait des amis, même en étant très fragile.
J’ai passé deux mois dans cette clinique, je peux vous dire que j’ai ri, j’ai pleuré -j’ai surtout beaucoup pleuré – . Je me suis lié d’amitié. J’ai même vu des histoires d’amour naître devant moi. On était comme un mini Secret Story, on vivait, mais on était restreint.

On ne pouvait sortir sans autorisation. Les patients admis n’avaient pas des pathologies lourdes mais souffraient en général de dépression, de bipolarité, de schizophrénie, etc.
Croyez-moi, ce passage en hôpital a changé ma vision de la vie. J’ai pu me connaître mieux que jamais, même si ça a laissé une trace indélébile.

Reconnaissance

J’ai pu comprendre qu’un viol peut briser une personne à un point inimaginable, que le comportement des parents est essentiel dans l’équilibre psychique d’un individu. Je sais dorénavant que les maladies mentales sont génétiques, et j’ai pu apprendre que des gens dans ma famille en souffraient. Avant que je ne sois internée, personne ne m’en a jamais parlé.

Je suis sortie, éternellement reconnaissante aux infirmiers et aux médecins qui m’ont aidée. J’ai pris l’avion direct pour rentrer au Maroc. J’ai laissé toute ma vie derrière moi, pour recommencer à zéro chez moi.
J’ai été diagnostiquée dépressive chronique. Puis, des années plus tard, bipolaire. Je suis stabilisée. Mais cela n’a pas été un chemin facile. J’ai traversé beaucoup de périodes très sombres. Heureusement, ma famille était mon roc.

Ce n’est pas une honte de se faire aider parfois. Si je n’avais pas fait tout ce chemin, je ne serai pas la femme que je suis aujourd’hui. Je suis une femme forte, les gens autour de moi ne pourraient jamais se douter de ce que j’ai vécu. J’en parle jamais, parce que les rares fois que je l’ai fait, mes amis utilisaient ça contre moi. “Ah elle est juste bipolaire, fais pas attention”, disaient-ils. Pour moi, ce n’est pas une blague, c’est juste une souffrance au quotidien que j’apprivoise. Une chose est sûre, j’ai maintenant un don pour deviner une personne qui souffre, même si elle excelle dans l’art de le dissimuler. Et j’ai encore beaucoup de choses à découvrir sur moi-même.

Ceci est un témoignage anonyme pour préserver l’identité de la personne.

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