Safia Tellal est une jeune maman marocaine qui a mal vécu sa grossesse, ses premiers mois de maman. Les clichés de donner la vie est la meilleure chose qui puisse arriver ne sont pas toujours exactes. Pas pour toutes les femmes. Après son expérience douloureuse, elle donne la parole aux femmes qui vivent la même chose. C’est comme ça que nait Mamma Talk l ماما تتكلم…
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Mes débuts en tant que maman ont été compliqués, le post-partum a été compliqué, et je ne comprenais pas vraiment ce qui m’arrivait, je me sentais différente, j’étais pourtant informée… peut être pas assez. En creusant un peu, j’ai découvert que je n’étais pas la seule à vivre ce qu’on appelle « La Matrescence », ou la naissance d’une mère, mais qu’il y avait un vrai tabou autour de cette période dans notre culture. C’est « Hchouma », il faut en revenir à la religion et puis c’est tout, ne pas trop se plaindre, ne pas trop en demander.
De fil en aiguille, lors de mes recherches pour me comprendre et comprendre ce qui m’arrivait, j’ai découvert les podcasts anglo-saxons. C’était en 2018 ! Et waouh, une bouffée d’oxygène, au milieu du hchouma ambiant auquel je faisais face. J’avais dans les oreilles des femmes, des mères qui, elles aussi vivaient ou avaient vécu la même chose que moi, elles racontaient leurs histoires en détail. Ça a cogité dans ma tête pendant plusieurs mois, j’en parlais ça et là, à quelques proches amies et à mon mari, qui m’a beaucoup encouragé. Le premier confinement en Avril 2020 est arrivé, c’était le moment, et j’avais, je pense, besoin de raconter ma propre histoire, je me suis lancée sur un coup de tête au début en vidéo live et ça a rapidement pris. Ce qui allait devenir la plateforme Mamma Talk l ماما تتكلم, était né, raconter la maternité dans sa globalité, sans filtres, sans hchouma. Pour informer et surtout déculpabiliser. En arabe et en français.
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Les idées préconçues …
Il y a beaucoup d’idées reçues, et ça commence assez tôt, parfois avant même que le couple ne décide d’avoir des enfants, les injonctions vont fuser.Il y a également beaucoup de croyances et de mythologies autour de cette période, d’où le besoin d’informer pour faire évoluer les mentalités.
Mais ce qui revient le plus souvent sont les fameux : « si tu te grattes alors que tu as des envies de grossesse, l’enfant aura une tâche de naissance »; « on nous a frappé, lorsqu’on était enfants et on va bien, les parents d’aujourd’hui abusent »; si un couple perds son bébé on va leur dire que « au moins ils peuvent en avoir et qu’ils n’ont qu’à en fabriquer un autre », certaines phrases que les mamans me rapportent sont très dures psychologiquement, reflètent un manque de sensibilisation et d’information et… sont assez compliquées à traduire !
L’information avant tout….
Les parents, et les mères surtout, sont pointés du doigt, on les culpabilise, les informations circulent mal (ou plutôt coûtent – très – cher !), je parle de la vraie information, l’information réelle, le vécu brut qui n’édulcore pas, qui raconte et informe. Qui laisse le choix. L’objectif n’est pas de faire peur, ni de donner des leçons, ou de faire le procès du personnel soignant, encore moins de rendre triste. C’est simplement de dire voilà ce qui se passe vraiment, préparez vous au mieux !
Il faut surtout que l’on soit conscient que toutes les femmes, toutes les familles n’ont ni le choix, ni l’information juste, encore moins les moyens de s’offrir des cours de préparation à l’accouchement ou à l’allaitement dans des centres privés, je pense qu’il est temps d’avoir une vraie politique qui englobe la pré-grossesse, la grossesse, l’allaitement et le postnatal, de reprendre en main la maternité dans notre pays, de prendre soin des mères, de leur santé physique et mentale.
A savoir que le suicide maternel est l’une des principales causes de la mortalité dans la 1ère année qui suit l’accouchement.
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