Ceci est un témoignage anonyme pour préserver l’identité de la personne.
Publicité
Je suis une Marocaine de 22 ans, je suis étudiante et voici l’histoire qui m’a le plus marqué dans ma vie. J’ai dû avorter alors que j’étais à six mois de grossesse, que je ressentais mon bébé et que mon ventre était bien arrondi.
Publicité
Reprenons depuis le début, je commençais à ressentir des symptômes bizarres, la fatigue, les envies soudaines. Mais je ne pensais pas que j’étais enceinte. J’en ai parlé à mon copain et on est partis faire un test sanguin au laboratoire, pour avoir un résultat fiable.
Le couperet est tombé, je l’étais bel et bien. Mon copain était très content. Moi par contre, j’étais complètement perdue. J’étais heureuse, en même temps choquée. J’étais à deux semaines de grossesse quand j’ai appris la nouvelle.
Nouvelle vie
Après on a continué à vivre notre vie, comme si de rien n’était. On voulait ce bébé. J’ai attendu six mois, parce que je voulais le garder. A trois mois, je commençais à sentir mon bébé. Je sentais que j’allais devenir maman. Mon copain m’a toujours soutenue. Il voulait ce bébé, et même m’épouser s’il le faut.
Mon ventre s’arrondissait de jour en jour. Même si je vivais avec mes parents, ils ne se sont rendus compte de rien du tout. Puis j’ai pensé à mes parents, en premier lieu. Je ne voulais pas les décevoir. Au Maroc, la société ne fait pas de cadeau, si tu as un enfant hors mariage, on l’appellera directement batard ou weld l7ram.
Je ne mangeais plus. Surtout, quand j’ai fait l’échographie et que j’ai appris que c’est un petit garçon. J’ai pensé à ma mère surtout qui est malade. J’ai eu peur qu’il lui arrive quelque chose à cause de mon choix.
J’ai trouvé celle qui m’a fait avorter sur les réseaux sociaux. J’ai posté un message sur un groupe. Deux jours plus tard, j’ai réussi à trouver quelqu’un. Une infirmière qui travaille chez un gynécologue.
Elle m’a emmené dans le cabinet de ce gynécologue, m’a reçue dans la salle d’attente et a fait en sorte que la réceptionniste parte déjeuner. Elle m’a écarté les jambes et fait rentrer des pilules, puis elle a pris le fil de la télévision, elle l’a fait rentrer et a laissé juste un bout dépasser. Elle m’a dit de le laisser à tout prix dehors. L’infirmière m’a dit que j’allais accoucher trois jours plus tard.
Effectivement, j’ai commencé à ressentir des contractions, pendant trois jours. Je devais faire semblant que tout allait bien devant mes parents.
A deux heures du matin, le troisième jour, je suis rentrée aux toilettes. Et je sentais que quelque chose descendait. J’ai commencé à pousser. C’est là où mon bébé est sorti. J’ai vu ces traits, il avait des mains, des pieds. Tout autour de moi n’était que sang. J’ai tout nettoyé et j’ai emmené le tout à mon copain pour qu’il l’enterre. C’est pour ça que je me suis fait tatouer puisque cette expérience m’a marquée.
Publicité
Publicité