Il y a quelques semaines de cela, notre cher pays faisait la une des médias internationaux. Malheureusement ce n’était pas pour la beauté de ses paysages, la chaleur de ses habitants, ni pour son climat parfait.
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Un peu partout sur le Web, et les chaînes de news, on trouvait des titres du genre : « Nasser Zefzafi, le visage de la grongne nord-marocaine », « le porte parole de la fronde du Rif », « These are the protests that some in Morocco don’t want you to see ». La nouvelle qui était arrivée jusqu’à CNN et Al Jazeera n’avait apparement pas trouvé preneur chez les chaînes marocaines au vu du silence radio des premiers jours.
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De quoi était-il question ?
Petit à petit, une dizaine de théories ont été reprises par les médias électroniques, des médias qui souvent ne pensent qu’à faire du buzz, mais que mes compatriotes adorent lire pour une raison qui m’échappe. Il a été question de « Roi dictateur qui autorise à tabasser son peuple », de « Manipulation de Zefzafi par d’autres pays », de « corruption », de « tentative de créer une instabilité au sein du Maroc pour des raisons éco/politiques ». Bref, tout y est passé, et entre mon amour infini pour mon pays, et les images que je voyais sur le net, il était difficile pour moi d’avoir un avis tranché.
Qui croire ? Quoi croire ?
Il était surtout difficile de démêler le vrai du faux, entre un média qui prend des images d’un après-match de foot, et le fait passer pour les images de la manifestation, poussant les citoyens marocains ainsi que le reste du monde à croire que les manifestants ne sont que des « sauvages », et d’autres qui affirment que cette même altercation entre supporters avait en réalité été orchestrée par Zefzafi lui même.
Du coup j’étais curieuse de voir comment réagissaient mes compatriotes. Bien évidemment, comme tout peuple, les avis étaient tranchés et très différents. Pour faire simple, il y avait deux grands groupes : les « 3ayachi » (comprenez pro-monarchie, pro-roi), et les « koullouna zefzafi » (comprenez les pro-zefzafi).
Pour ma part, je ne m’identifiais à aucun des deux groupes. Je voyais bien que tous les deux essayaient de se décrédibiliser l’un l’autre. Lorsqu’un groupe postait des photos de Zefzafi sur un bateau argumentant qu’un « chômeur ne pouvait pas se permettre tout ça » (d’où la base des allégations d’argent reçu), l’autre condamnait les médias les traitant de « lèche-bottes ». Quand les uns étaient outrés par la manière avec laquelle les forces de l’ordre géraient la manif, les autres rappelaient que même « dans les pays les plus démocratisés de tels événements avaient lieu ».
Ce que je craignais est bel et bien arrivé : On ne parlait plus que de Zefzafi et le véritable sujet n’était plus qu’un mirage.
El Hoceima, paradis oublié ?
Je ne sais pas si pour toi aussi c’était pareil, mais pour moi il y a encore deux mois de cela quand je pensais à El Hoceima, j’imaginais ça.
Évidement, les conflits entre certains Rifains et le reste de la population marocaine ne m’étaient pas inconnus. Comme beaucoup d’autres, j’ai pensé que les choses allaient mieux depuis le Roi Mohamed VI. J’ai entendu parler des différents projets inaugurés et des promesses d’un avenir meilleur tenues aux Rifains.
Que s’est-il passé ?
Ce qui est sûr c’est qu’il n’y a jamais de fumée sans feu. Quelles que soient les circonstances de ces manifestations, le véritable débat devrait tourner autour des habitants de la région et des solutions pour qu’ils aient une vie meilleure.
Certains diront qu’il est très facile pour moi de parler alors que je suis confortablement assise devant mon ordinateur. Mais justement, j’ai décidé d’aider mes compatriotes de la seule manière que je peux, sachant que je me trouve à des milliers de kilomètres d’eux.
De quoi je me mêle ?
Le but de cet article est de te pousser toi, qui est en train de le lire du confort de ton lit, ta voiture, ta chaise, à réaliser que dans la vie certaines choses nous dépassent. Il est très facile de prendre partie, réagir sur les réseaux sociaux, puis, le soir s’endormir sans avoir à se soucier de rien. Il est trop facile de dire que c’est la faute à un tel, ou un tel, puis de manger son happy roll à 1h du matin dans sa merco. Il est facile de dire que les politiques ne font rien et que la démocratie ce n’est pas pour nous.
Je suis là aujourd’hui pour te dire de ne pas tomber dans le piège. Ne déteste pas ton frère parce qu’il est né dans une région qui a longuement été négligée et marginalisée. Et toi de l’autre côté, ne haïs pas ton frère car il est né dans une région avec parfois de meilleures conditions de vie ou opportunités de travail. Ne vous détestez pas. Ne vous entretuez pas. Ne répétez pas les erreurs du passé.
Comment aider ?
Je pense très sincèrement que nous, citoyens, nous pouvons changer les choses. Cet été, si tu as l’opportunité de voyager, dirige-toi vers Al Hoceima, dépense ton argent dûment gagné chez des gens qui en ont énormément besoin.
Si t’es un(e) jeune prof, médecin, et que t’as été affecté à Al Hoceima, au lieu de corrompre ton chemin vers une affectation plus simple, prends ton rôle de citoyen et donne-toi à fond et aide ton prochain.
Si t’es un entrepreneur et que tu as un projet en tête, pourquoi ne pas en faire bénéficier la région du Rif et ses habitants créant ainsi des opportunités de travail ?
Si tu n’as pas beaucoup d’argent, mais que t’as envie d’aider, pourquoi ne pas contacter tes connaissances et leur parler de cette région qui est dans le besoin ? Les poussant soit à visiter, soit à investir dedans.
Si tu aimes la photo et que t’es sur place, fais un reportage sur la beauté de la région et de son énorme potentiel, partage-la avec les médias électroniques, utilise les réseaux sociaux à bon escient.
Loin de moi la prétention de penser que mes idées sont parfaites ou uniques, il y a certainement d’autres manières d’aider à désenclaver cette région et mettre fin à la « séparation » entre le Rif et le reste du Royaume. Halte aux pointages du doigt. C’est à toi de jouer maintenant, montre nous que nos ancêtres ne sont pas morts pour rien en reprenant l’indépendance de notre pays et en plaçant leur foi en nous.
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