Nous avons reçu, pas plus tard que cette journée, l’histoire de Zayd, l’homme, le mari, l’ami et le collègue, qui a succombé à la maladie à cause de l’insouciance dont il a été victime au CHU de Marrakech. Zayd est mort, mais son histoire ne sera pas enterrée avec lui. Le souvenir de son corps faible, de sa voix enrouée en prononçant ses dernières paroles, et de sa terrible souffrance ne devra pas passer inaperçu.
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Qui était Zayd?
Zayd était un « talb m3achou » à la marocaine, une personne qui n’attendait pas l’aumône ou la charité, mais qui menait une vie de dur labeur contre une petite somme d’argent, qui lui permettait de subvenir aux besoins de sa famille. Mais lui était ambitieux, il a su saisir l’opportunité qui s’est offerte à lui et a pu, de fil en aiguille, amasser une petite somme pour acquérir une moto, puis une voiture. Sa vie avait pris un tournant positif puisqu’il pouvait à présent, lui qui était originaire de Zagora, rendre visite à sa femme plus souvent.
Le fantôme de la maladie s’empare de lui
Le diagnostic est tombé, plus aucun doute, Zayd est atteint d’un cancer de la prostate au stade avancé. Pour le sauver, une intervention chirurgicale est obligatoire, mais aussi, et surtout, très coûteuse. Il lui faudra près de 100,000 dhs. Face à cette réalité, il disparaît et s’adonne aux pratiques ancestrales sahraouis, en suivant un traitement à base de lait de chamelle. A la grande surprise de tout le monde, sa tumeur n’a plus la même taille qu’avant. Hamdoullah.
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Il rechute …
Sa joie n’aura pas été de longue durée, la maladie ne l’épargne pas. Il arrête de travailler, et l’argent se fait de plus en plus rare, sa vie se transforme en véritable cauchemar. Ici commencent les allers-retours entre Zagora et Marrakech, la souffrance, les analyses et l’attente… une attente infernale et interminable. Il attend qu’on lui fixe une date pour l’opération, il est pauvre et ne peut pas aller se soigner dans une clinique privée, son destin est sellé à la décision du CHU.
Un lundi, il ne peut plus attendre, son corps le lâche et son frère le transporte vers l’hôpital. On lui demande de refaire des analyses, mais son état est critique, pourquoi lui demander de faire des analyses alors qu’il est clairement entre la vie et la mort ? Pourquoi le laisser souffrir ?
Il passe 2 jours et 2 nuits devant la porte de l’hôpital, avant de rendre le dernier souffle. Il laisse derrière lui une famille au destin plus noir que le sien, et part en silence, dans la douleur.
Le Maroc après Zayd
La mort de Zayd ne sera malheureusement pas reprise par les médias, et ne fera pas la Une des journaux. Par conséquent, cette affaire sera classée, comme ça a été le cas pour celle d’Idya avant elle, et celles de toutes ces morts qui peuvent nous sembler naturelles, mais qui, dans le fond, sont de véritables crimes contre des gens sans défense et sans pouvoir.
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