Ce témoignage est anonyme pour préserver l’identité de la personne.
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Ma passion pour le poker a commencé quand j’étais jeune, sur internet. J’étais fan des jeux de cartes. Quand j’ai commencé à organiser des parties de poker, c’était une manière pour moi d’allier passion avec argent. Le poker procure beaucoup de sensations fortes, le côté adrénaline me plait énormément. Mais ce n’est juste que la cerise sur le gâteau.
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En 2016, je me suis lancé. J’avais des soucis avec la famille, j’étais encore étudiant. J’avais un stage et je l’ai lâché et j’ai commencé à organiser des parties. Je voyais que je pouvais gagner beaucoup d’argent. Je connaissais beaucoup de monde du milieu. Petit à petit, ils se réunissaient chez moi pour des parties de poker, je pouvais me retrouver avec 15 personnes lors de la même soirée. On joue et la plupart du temps je gagne.
La pandémie a tout suspendu
Pour miser c’est minimum 300 dirhams par personne. La table la plus chère que j’ai organisée c’était 1000 par personne. C’est un milieu qui est fréquenté par l’élite, des passionnés du poker, des personnes âgées qui veulent passer du bon temps avec des jeunes, mais aussi des gens des milieux populaires. Il y a aussi des filles, mais c’est rare. En ce moment, avec la pandémie, l’activité est suspendue depuis mars 2020. Désormais on joue en ligne.
Je n’ai jamais eu de problème avec les flics. Et je ne pense pas qu’ils pourraient me viser. J’avais un rival dans ma ville, mais il s’est fait choper par la police, en flagrant délit. D’ailleurs, pour rentrer chez moi ce n’est pas évident. On organise toujours les parties dans des villas, chez des gens influents. On est carrément intouchables.
Selon la loi, seuls les casinos ont le droit de proposer des jeux d’argent. Mais quand tu y vas tu te fais avoir, tu poses beaucoup d’argent. Alors il vaut mieux qu’on se pose tranquille à la maison. En plus, je connais beaucoup de personnes qui aiment ce milieu. Entre nous, un seul point en commun compte c’est le poker. Et les gens respectent cette passion.
Le côté sombre du milieu c’est quand tu vois une personne qui gagne 4000 dirhams par mois et qui se dit : Tiens, je peux doubler en jouant au poker. Il pose tout son salaire et il perd tout. J’ai vu des personnes perdre pied en perdant la partie. Ça peut partir en vrille. Ce n’est pas violent.
Beaucoup d’argent en jeu
Je n’ai pas peur de la police parce que je me protège. C’est une communauté, il est très difficile d’y rentrer. Quand je suis arrivé, j’ai bouleversé les codes. J’ai un peu vulgarisé le milieu, et je l’ai rendu plus accessible. Je ne fais pas de prêt, quand la personne n’a plus d’argent pour miser, elle doit partir.
Je ne suis plus un débutant. Je n’ai plus besoin de connaître de nouvelles personnes. Je ne vais pas arrêter. J’aimerai acheter une villa pour y organiser tranquillement mes parties.
Je gagne 1000 à 2000 dirhams par soirée. Mais dans les parties où ça part dans tous les sens, tu peux gagner jusqu’à 10.000 dirhams, mais c’est rare que ça arrive. Mais dans ses bénéfices, il y a beaucoup de charges qui rentrent, il faut payer le dealer, les clopes, l’eau, et la bouffe. Quand les gens viennent chez moi j’essaie de leur offrir une bonne expérience et leur donner tout ce dont ils ont besoin pour être à l’aise.
Il est possible de se faire beaucoup d’argent dans ce milieu, mais pour ça il faut que tu restes longtemps, mais pour durer il faut être prêt à la guerre.
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