Maroc : Immigrer ou sombrer, le dilemme cornélien

Par le 2 avril 2018 à 19:14

“Ceci est un article d’opinion. Il n’engage que la responsabilité de son auteur et ne reflète pas l’orientation ou le point de vue du support.”

La semaine dernière un évènement a boulversé les Marocains. Le cas du jeune vendeur ambulant qui vient de décrocher un diplôme d’Ingénieur en Italie. Un parcours atypique, étonnant et semé d’embuches qui n’a pas empêché le courageux marocain à ne rien lâcher et d’atteindre un très haut niveau de diplomation, qui plus est, dans un pays développé. Cela dit, ce cas-là pose de nombreuses questions sur l’incapacité du Maroc à valoriser sa jeunesse, ainsi que sur l’état calamiteux de notre éducation.

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Le Maroc avance petit à petit : Que nenni

Il y a un peu plus de dix ans, j’étais encore au collège. Comme tous mes acolytes, je n’ai pas dérogé à la joie de suivre les cours d’histoire géo. On nous apprenait à l’époque que le Maroc peinait à évoluer, mais que le futur allait être forcément meilleur. Il y a 10 ans, le Maroc pataugeait entre la 123e et la 129e place du classement de l’Indice du Développement humain. Ce mauvais score, nous disait-on, était inhérent aux défis structurels auquel nous faisions face. On nous promettait que tout allait s’arranger avec le temps et que dans 10 ans, le problème serait réglé. Foutaises…

Il est vrai qu’entre temps nous avons gagné des tramways et quelques autoroutes, mais nous flanchons sur quelque chose de beaucoup plus important que le béton et les transports : le capital humain.

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La faillite marocaine expliquée en chiffres…

Il y a 10 ans disions-nous, le Maroc se classait entre la 123e et la 129e place en terme de développement humain. Aujourd’hui, le Maroc occupe la 131e place sur 196 pays. Joli progrès. Au niveau de l’éducation nous sommes 129e sur 195 pays étudiés, bien loin derrière la Palestine et la Libye, deux pays meurtris par la guerre. Et au niveau de la santé, nous détenons le score de 61 points sur 100. Une performance nous plaçant, comme d’habitude, dans la deuxième partie du tableau.

Voyons les chiffres plus concrètement.

Tableau 1 : Score et classement des pays en terme de Développement humain (PNUD)

PaysClassement sur 196 paysScore sur 1
Algérie900,745
Tunisie1050,725
Libye1090,716
Egypte1190,691
Palestine1220,684
Maroc1310,647

Tableau 2 : Score et classement des pays en terme d’éducation (PNUD)

PaysClassement sur 195 paysScore sur 1
Libye550,698
Tunisie900,608
Algérie930,643
Palestine1070,662
Egypte1100,573
Maroc1290,468

Tableau 3 : Score des pays au niveau de la santé (GBD)

PaysScore sur 100
Syrie75
Tunisie70
Algérie70
Palestine70
Egypte64
Maroc61

En regardant ces chiffres, on est en premier lieu saisis par la constance marocaine dans la médiocrité. Lanterne rouge nord-africaine dans tous les secteurs sensibles relatifs au capital humain : développement, éducation et santé. Nous sommes bien loin des promesses du début des années 2000 et de nos cours de géographie qui se rapprochaient plus de la fake news que de l’entraînement intellectuel. On réussit même l’exploit de faire pire que la Palestine, la Syrie et la Libye, des pays que la guerre n’a fait que détruire depuis des années. Le constat est absolument consternant.

Rachid Abdelmoula, l’homme qui est bien heureux de ne plus être là

À la lumière de ces données, doit-on réellement s’étonner qu’un Ingénieur italien soit potentiellement un vendeur ambulant au Maroc et inversement ? Combien de nos jeunes désoeuvrés se détruisent à petit feu, alors que dans un monde normal, ils deviendraient potentiellement médecins, avocats ou architectes ? Ce n’est ni le tramway, ni le TGV qui valorisera notre capital humain, ce sont des politiques sociales adéquates qui peuvent le faire.

Si ça allait si bien, l’immigration en Europe ne serait pas vue comme un attribut de réussite. Un pays qui se respecte préserve les meilleurs des siens. Le manque de béton et de transports rendent la vie moins simple, mais ne tuent pas. L’inexistence d’infrastructures sanitaires, elle, tue à coup sûr. Et l’analphabétisme détruit.

Et qu’on ne me rabâche pas le poncif insupportable du « ça vient petit à petit« , j’entends cette chanson depuis que je suis né. Et niveau développement humain, éducation et santé, si on ne recule pas, on stagne. Les faits sont là et ils valent mieux que n’importe quel Fake News beau discours.

huffingtonpost.com

Maroc : Un futur qui ne présage rien de bon

Le dernier rapport du Haut Commissariat au plan est tombé. Il en ressort qu’en 2017, un tiers des jeunes marocains ne travaille pas, ne va pas à l’école, ni en formation. Pour ne pas arranger les choses, il existe un écart de 50% dans le taux NEET – Youth not in employment, education or training – d’inactivité entre les hommes et les femmes. Nos confrères de Telquel ont par ailleurs consacré un article pour mettre en exergue les défis relatifs aux disparités sociales. Le moins qu’on puisse en penser, c’est qu’on est loin de « s’améliorer petit à petit, doucement mais sûrement« . Il serait d’ailleurs peut-être temps, enfin, de voir la vérité en face. Car comme le dit le fameux diction, un bon diagnostic c’est la moitié de la guérison. À bon entendeur, salut !

Je suis passionné de nutrition et de gastronomie marocaine. Mon combat est de faire reconnaître que les deux sont complémentaires. Je suis également passionné de voyage et de découvertes, mais on dit que la plus belle chose à offrir au monde c'est soi. Alors j'aime les traditions et voue un culte déraisonné pour celles de notre pays.

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