L’histoire de Kenza est la plus émouvante que vous lirez : Ma lettre ouverte au monde

Par le 25 février 2015 à 18:47

À 18 ans, Kenza vivait une vie normale au sein d’une famille modeste

Je m’appelle Kenza, je suis née à Bruxelles en 1983. Le Maroc est le pays de mes origines. Je suis fière de dire aujourd’hui que je suis Belge, Marocaine de la région du Rif, musulmane mais avant tout un être humain imprégné de plusieurs cultures et d’expériences dans le monde. Tout cela a fait ce que je suis aujourd’hui.

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J’ai grandi à Bruxelles dans une famille aimante. J’ai été éduquée dans l’Islam et dans les valeurs que cette religion représente. Nous vivions dans l’humilité, la modestie, dans la simplicité, dans l’amour et le respect de l’autre. J’ai grandi à Bruxelles, là où je me suis construite en tant que citoyenne, là où j’ai évolué dans une société pleine de couleur, pleine de richesse culturelle. 

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Quand j’étais enfant, je posais beaucoup de questions. J’étais très curieuse. Je voulais tout découvrir très vite. Quand j’étais enfant, je rêvais de pouvoir être adulte avec un métier qui me permettra très rapidement de pouvoir aider ceux dans le besoin à travers le monde. Quand j’étais enfant, j’avais un petit journal dans lequel j’inscrivais toutes les choses que je ferai quand je serai grande pour ne pas les oublier. Quand j’étais enfant, ma petite chambre était mon univers, mon monde où je créais, imaginais sans cesse toutes les idées que je voulais réaliser lorsque je serai plus grande. J’ai vécu toute mon enfance avec le sentiment profond que je serai toujours entourée de ma famille pour me protéger, pour être aimée et pour pouvoir ensuite voler de mes propres ailes.

Une vie paisible jusqu’au jour où…

Malheureusement, l’environnement dans lequel je vivais paisiblement s’était très vite dégradé. Les relations entre les gens étaient devenues très tendues et conflictuelles. L’attaque des tours du World Trade Center aux États-Unis ont très vite eu un impact en Europe. Ensuite, ça a été la montée de l’extrême droite. Les musulmans étaient presque tous devenus de potentiels terroristes. Ce climat de tensions avait atteint son apogée. 

Ce climat de haine et de violence a fini par m’enlever ce que j’avais de plus cher au monde. Le 7 Mai 2002, mes parents ont été assassinés par un homme animé par la haine et le rejet de l’autre. Mes parents ont été tués vers 4h du matin durant leur prière de l’aube. L’assassin avait également tiré plusieurs balles sur mes petits frères qui n’avaient que 6 ans et 11 ans. Ils avaient été fortement blessés mais ont pu survivre à ce terrible carnage.

Les parents de Kenza ont été tués, ses petits frères blessés grièvement

Cet homme avait décidé de mettre fin à nos vies. Il avait décidé nous n’avions pas le droit de vivre. Il n’y avait aucun doute. C’était bien un crime raciste. Cet homme s’en est pris à nous parce qu’il considérait que n’étions pas de la bonne couleur, pas de la bonne religion, pas de la bonne culture. Après que l’assassin se soit suicidé dans les flammes de l’incendie qu’il lui-même avait provoqué, j’ai échappé à la mort de justesse car il avait également mis le feu dans ma chambre. J’ai été sauvé par mon voisin Gérard. Il restera à jamais mon héros.   

Le 7 Mai 2002, Kenza, rendue orpheline, était dévastée

Le 7 mai 2002 fut le jour le plus horrible de ma vie. Ce jour-là, j’étais dévastée par une tristesse que je pensais presque insurmontable. J’avais 18 ans et j’étais orpheline. J’ai été privée brutalement et à jamais de l’amour et de la tendresse de mes parents. Après un tel drame, beaucoup de questions ont envahi mon esprit. Comment peut-on vivre normalement après un tel choc ? Comment pourrai-je continuer à vivre dans un monde sans la présence de mes parents ? Comment peut-on surmonter une telle tragédie ?

Et j’ai prié Dieu de toutes mes forces pour garder la foi et pour croire qu’un autre monde est possible, pour croire que nous ne sommes pas voués à vivre dans la violence, pour croire que la paix pouvait être une réalité si tout le monde y contribuait.

Elle a continué à se battre pour qu’un drame pareil ne se reproduise plus

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Durant les années qui ont suivi la mort de mes parents, j’ai essayé de me situer dans le monde qui m’entoure. J’ai essayé de réfléchir à ce qui pourrait avoir du sens pour moi. J’avais la conviction que je devais porter un combat pour honorer la mémoire de mes parents. J’avais l’impression que j’avais une responsabilité et que je devais faire connaître l’histoire de ma famille au monde entier. Je voulais faire savoir au monde entier que mes parents avait un jour existé parmi nous et qu’ils avaient aussi contribué à une société juste et tolérante. Je me suis battue pour la mémoire de mes parents et pour qu’un drame comme celui-ci ne se reproduise plus. Je me suis battue de toutes mes forces pour faire que ce drame serve de leçon.

Kenza a voyagé en Palestine pour comprendre sa propre souffrance

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J’ai dû faire face à beaucoup de déception mais j’ai aussi rencontré beaucoup d’amour, de fraternité, de leçons de vie, de solidarité. J’ai appris à être humble face à la vie pour lui donner un sens. J’ai effectué plusieurs voyages humanitaires parce que j’étais en quête de vérité. Je voulais comprendre comment tous ces conflits se produisent dans le monde, comment peut-on arriver à prendre une arme et tirer. Je me suis laissée guider vers ce qui avait du sens pour moi. Mon engagement pour la Palestine m’a appris la plus belle leçon de toute ma vie. Je me suis rendue en Palestine pour être proche de leur souffrance pour finalement comprendre ma propre souffrance. Je me suis sentie plus forte et plus déterminée dans mon engagement pour un monde meilleur. Les palestiniens m’ont appris à rester digne malgré la souffrance et la douleur.

J’ai vite compris aussi qu’il faudra du temps pour trouver ces réponses à mes questions, et surtout qu’il faudra que je me batte pour un jour trouver une paix intérieure. J’ai compris qu’il faudra que je m’attende à des moments de doute, de découragement mais je n’ai jamais renoncé, et je ne renoncerai jamais pour porter la vérité, pour porter ce vrai message d’espoir qui nous rassemble tous. C’est peut être utopique pour beaucoup de personnes car nous faisons encore et toujours face à autant de violence. Mais si j’ai choisi de ne pas baisser les bras, ce n’est pas seulement pour résister mais c’est aussi pour faire prendre conscience que personne n’est à l’abri d’une telle tragédie. Il m’est insupportable de constater encore trop d’indifférence et de silence face aux violences racistes qui continuent de faire la une de l’actualité. Aujourd’hui, si j’ai choisi de ne pas sombrer dans la haine, c’est parce que je suis convaincue que c’est uniquement l’amour, la compassion et le respect qui pourront faire cette paix est possible pour l’humanité entière.

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Ghandi a dit : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde » Cette phrase a souvent résonné dans mon esprit. Je suis donc revenue à moi, à ce qui fait que je suis un être humain pour renforcer mes convictions, pour ensuite les partager. Je me suis accrochée à ma foi, à ma religion et aux valeurs de paix et d’amour qu’elle représente. C’est grâce à cela que j’ai pu retrouver une paix intérieure.

Vous savez lorsqu’on sent cette énergie spirituelle, on n’a plus peur, on n’a plus de raison d’avoir peur. Tel est mon rapport à ma religion. Tel est le vrai sens de l’Islam.   

Aujourd’hui, Kenza est une militante contre la xénophobie

Aujourd’hui, il est important de dialoguer, de prendre conscience que ce qui nous rassemble tous, c’est notre humanité. D’où qu’on vienne, il faut apprendre à pouvoir s’accepter tel qu’on est, avec nos différences, avec nos valeurs. Tel est mon message tant que je serai en vie.

Mon âme est terriblement attristée lorsque je constate que les crimes racistes continuent de sévir. J’ai une pensée particulière pour Deah Barakat, Yusor et Razan Abu-Salha, ces trois jeunes américains et musulmans tué aux Etats Unis. Je suis restée sans voix pendant plusieurs jours, sans pouvoir mettre des mots sur ce terrible évènement. J’étais quasi en état de choc pendant plusieurs jours. Toutes les images du drame qu’a connue ma famille ont défilé dans ma tête. J’ai eu l’impression de tout revivre comme ce jour où cet assassin est entré dans notre appartement pour abattre mes parents. Cela veut tout simplement dire que cela peut arriver à n’importe qui d’autre. Le constat est là. C’est pour cette raison que tout le monde est responsable. Que l’on cible une mosquée, une église ou une synagogue, nous devons tous nous indigner de la même façon et condamner avec la même fermeté.

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Aujourd’hui, je partage mon expérience car je suis certaine que nous avons un rôle à jouer. Je suis certaine que chacun d’entre nous peut contribuer à construire cet autre monde auquel je crois. Cet autre monde où le respect, la solidarité, la fraternité pourront être ces vraies valeurs qui nous lient ensemble d’où que l’on vienne. 

Aujourd’hui, je suis devenue une femme mais j’ai réussi à redevenir cette petite fille que j’étais car je souhaitais tout simplement retrouver cette innocence, cet émerveillement face aux belles choses que la vie nous offre. J’avais la crainte d’être gagnée par la peur et la tristesse le restant de mes jours. Mes parents sont toujours présents dans mes prières et dans mes actes. J’honorerai leur mémoire jusqu’à la fin de mes jours.

Kenza est devenue une femme et un exemple à suivre

Kenza Isnasni poursuit son Master en relations internationales et diplomatie à l’université Al Akhawayn, avec une spécialité en “Paix et études de conflits”. Durant la session d’été, Kenza a étudié dans l’université prestigieuse de Berkley. Kenza est une militante humanitaire et très sensible aux questions liées aux droits de l’homme, au racisme, à l’éducation de l’enfant dans les milieux ruraux au Maroc, ainsi que la question de la protection de l’environnement. Kenza a pris part à différents projets et initiatives en autre le convoie humanitaire Viva Palestina à destination de Gaza en 2009, la Flottille de la Liberté pour Gaza attaquée par l’armée israélienne en 2010, des missions d’observation aux Philippines et en Palestine, le premier Sommet Mondiale des Ecovillages au Sénégal en 2014.

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C’est un bel exemple à suivre !

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