Un jeune marocain crée une plateforme où la voix se libère. Pour lui, « Hchouma » n’existe pas. Il faut banir ce mot, non de la langue mais de l’esprit. « Hchouma » n’est pas qu’un mot, il a beaucoup plus de conséquences. Zoom sur « No Hchouma ».
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L’aventure commence avec Mehdi, un jeune marocain qui veut ouvrir le débat. Tout d’abord, via une première page sur l’éducation sexuelle où il sensibilisait et prévenait contre les divers MST et IST mais aussi parlais de libertés individuelles . « J’ai commencé à recevoir énormément de questions par rapport à ça avec tout le temps la même réponse : » il faut consulter un spécialiste » mais j’ai dû abandonner cette thématique car j’avais du mal à mettre d’accord tout le monde sur la notion de consentement » confie le fondateur de No Hchouma. En 2020, il est victime d’un signalement de masse et il perd sa première page parce qu’il dénonçait les propos liberticides, sexistes et misogynes d’un pseudo-imam du web, Ilyass Lakhrissi. « Celui ci prétendait que toute femme une fois mariée devrait se contenter de rester à la maison et de s’occuper de son foyer. J’avais omis qu’il avait plus d’un million d’adeptes sur Facebook.. Mais la première page n’était qu’un outil de diffusion pour moi, je n’ai ni perdu ma voix ni ma détermination depuis ». Sa voix est sur « No Hchouma », une façon de parler de liberté avec un des mots qui bloque nos libertés individuelles.
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1. Hchouma = Frein
Le mot « Hchouma » représente pour moi un frein et rien d’autre, on aime bien appuyer dessus pour censurer des situations particulières mais aussi des causes et des débats. On use de ce mot à torts et à travers, » ssket/ssekti hchouma » , » hadchi hchouma » … etc on nous l’a tous sorti à un moment de notre vie quand on a osé essayer de comprendre.
2. Hchouma = Limites
Ce frein qu’est le mot « hchouma » fait que nous sommes encore là à débattre de la liberté de disposer de son propre corps et de pouvoir faire ses propres choix.
3. Hchouma = Hagra
Sur No Hchouma je donne mon avis et ma vision des choses, j’analyse et j’écris sans langue de bois, un franc parler que l’on retrouve sur mes posts mais que les jeunes ne retrouvent pas dans les médias traditionnels. Depuis plus d’un mois maintenant je dénonce la pédo-criminalité avec pour but premier de pointer du doigt les défaillances du système chargé de la protection des enfants, du jugement des coupables et de la mise en place effective des accords de protection de l’enfance signés par le pays.
Je me définis comme un » Anti-7égraliste » , aucune traduction ne serait complète pour le mot 7egra vu son large champs d’activité; ses particularités mais aussi ses séquelles dans le contexte marocain.
4. Hchouma = pas de changement
On devrait tout d’abord commencer à réfléchir aux conséquences à long termes de nos actes. Nous évoluons oppressé.es par la Hchouma et le y7enlah tant que nous acceptons ce contexte, nous ne pouvons pas espérer un changement. Le changement doit émaner de nous toutes et tous, nous devons assumer nos responsabilités vis-à-vis de la société, de cette société freinée par le silence.
5. Hchouma vs No Hchouma
« Nous essayons d’accompagner au mieux et d’aider les personnes qui nous sollicitent sur nos plateformes. Que ce soit des personnes suicidaires, des victimes d’agressions basées sur leur genre, orientation, idéaux, conviction.. ou de viols aussi.. Nous mettons à disposition notre temps libre même si les qualifications nécessaires manquent mais c’est tout simplement parce que les structures d’accompagnement manquent tout autant. Nous faisons de notre mieux aussi pour garder un équilibre émotionnel et psychologique vis-à-vis de tout ceci pour pouvoir mener nos propres vies aussi »
6. No Hchouma = « Assistante sociale » en ligne
Pour dénoncer activement et espérer du changement les activistes ont dû se regrouper avec plusieurs autres pages activistes : @7achak.maroc @bentdarhoum @lamyabenmalek @queersofnorthafrica @justafeminist_ @kouni_mra @iti7ad_almaghribiat1 @chkonlalatlbnat @edsmaroc @sawtna_wahd @mouvement.dihafrassek @politics4her @Sofia_slami @politics4hermena .
« Lors de notre première action commune, nous avions dénoncé un youtubeur marocain, Karim Douiri, qui publiait des vidéos ou il appelait à l’outing des danseuses tiktok, celui ci mettait en scène une confrontation avec les parents de la fille et finissait ses vidéos en demandant à ses abonnés de faire pareil. Karim s’est empressé de déclarer que ce n’était que des mises en scènes et que les personnes que l’on voyait sur ses vidéos et lui-même n’étaient que des acteurs. Cette première action a permis la décrédibilisation des vidéos de Karim qui jusque-là était adoré par ses abonnés. Toutefois, nous avons pris connaissance que Karim ne dispose d’aucune autorisation et n’en a jamais fait la demande écrite afin de pouvoir « créer » et diffuser ses vidéos. Une action parmi tant d’autres ».
Selon le fondateur de « No Hchouma », le point en commun qui rassemble toutes les autres pages activistes et la sienne, c’est qu’ils ont tous dû jouer , un jour, si ce n’est quotidiennement, le rôle d’un.e assistant.e social.e .
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