Zanka Dialna
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Mesdames… femmes marocaines, je vous écris car aujourd’hui j’ai le cœur lourd.
Je ne pleure pas les maux de ma société, je tente du mieux que je peux de les soigner.
Messieurs, ce que j’ai à dire vous concerne également.
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Ceci n’est ni un coup de gueule ni un cri de désespoir (loin de là), ceci est simplement un appel à la remise en question, ceci est l’invitation à un avenir meilleur.
Cette société, la nôtre n’est que l’addition des individus qui la forment.
Ces individus qui la forment ne sont autres que nous.
Qu’avons-nous fait de notre société ? Qu’avons-nous fait de la dignité ? De la bienséance ? Du civisme ? Du respect ?
Comment en est-on arrivé là ?
Et quand je dis là, je parle de cette rue…
Cette rue, où moi, femme marocaine, je me vois obliger de presser le pas par peur qu’on ne me touche ou m’attrape.
Cette rue, où moi, femme marocaine, je me vois obliger de changer de trottoir à chaque fois qu’on me harcèle.
Cette rue, où moi, femme marocaine je ne peux pas sortir en portant les vêtements qui me plaisent, par peur qu’on me regarde de travers, qu’on m’intimide, qu’on me violente.
Cette rue, où moi, femme marocaine, ne me sens nullement en sécurité, nullement à ma place, nullement respectée.
Cette rue, cet espace public, c’est le mien, il m’appartient de m’y promener autant que chaque homme… Et pourtant, moi, femme marocaine, j’ai perdu tout sentiment d’appartenance à cette rue… J’ai perdu toute confiance en ces individus qui la traversent.
Poussées à bout, des femmes marocaines comme vous et moi ont décidé de lancer l’initiative #ZankaDialna.
Un mouvement qui rassemble aujourd’hui près de 12 000 citoyennes et citoyens et qui vise à « remédier aux différentes situations d’insécurité et d’irrespect que vivent les femmes dans notre société. »
Loin d’être une simple page Facebook, c’est un véritable groupe de débats constructifs et la plateforme à partir de laquelle naissent des manifestations comme celle qui a laissé bouche bée les passants Rbatis Samedi dernier.
Le 15 septembre dernier, c’est ce mouvement qui a fait trembler la capitale… Une marche lente en silence, dans un calme absolu le long du boulevard Mohammed V.
Marcher, en étant fière, en prenant son temps, sans se presser, sans changer de trottoirs, sans baisser les yeux, sans regarder derrière soi.
Rien ne sert de parler, rien ne sert de crier… Le son perçant de l’indignation fait rage.
Marcher, à la conquête de la rue, à la conquête de l’égalité, à la conquête de la justice.
La musique jaillit des cœurs, les tambours de la fierté et les violons de la dignité créent une mélodieuse symphonie : celle de la liberté retrouvée.
Elles sont là, elles marchent, elles ne crient pas, elles ne parlent pas, elles ne dérangent personne, elles sont là… Et leur simple présence est une forme de révolte dans son état le plus pur, une invitation à la réflexion.
Parce que se sentir en sécurité dans la rue est un droit fondamental dont doit bénéficier toute femme marocaine. Parce qu’être respectée est une norme qui se fait rare de nos jours, à l’heure où harcèlement, viol et violence ne laissent de place à autre chose qu’à la haine, la colère, l’angoisse…
Une manifestation que l’on espère pouvoir admirer bientôt aux 4 coins du Maroc.
« Indignez-vous et engagez-vous » – Stéphane Essel
« Agir ensemble, Apprendre, Eduquer, Transmettre, Diffuser des idées pour faire adhérer les hommes et les femmes à cette cause basique qui est le RESPECT D’UN ETRE HUMAIN COMME LES AUTRES, la femme. »
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