“Ceci est un article d’opinion. Il n’engage que la responsabilité de son auteur et ne reflète pas l’orientation ou le point de vue du support.”
Le Maroc est candidat à l’organisation de la Coupe du Monde 2026. Face à lui, 3 mastodontes : Canada, Mexique et Etats-Unis. Si du premier abord ce duel a l’air déséquilibré, le mode de scrutin et la conjoncture actuelle mettent notre pays en pole position pour le remporter.
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Se pose alors la question du bien fondé d’une telle organisation. Pour un pays comme le nôtre, organiser un évènement de cette envergure peut avoir l’air irréfléchi au mieux, irresponsable au pire. En y creusant davantage, nous pouvons penser que le peuple y sera gagnant à tous les coups. Décryptage.
Un projet très ambitieux en chiffres
Le pays qui organisera la Coupe du Monde 2026 devra accueilir 48 pays (contre 32 actuellement), avoir 14 stades aux normes FIFA, dont un de 80 000 places, deux de 60 000 places, et les autres d 40000.
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Six stades existants seront remis à niveau, et 8 nouveaux devront être construits, dont le fameux grand Stade de Casablanca qui jusque-là tarde à voir le jour.
De plus, en infrastructures hôtelières, on devra passer à une capacité de 300 000 lits, contre 200 000 aujourd’hui.
Autant de chiffres qui posent la question de notre capacité à mener à bien ce projet sans nous ruiner.
Des coûts pharaoniques ? Oui et non
S’il est vrai que le financement est en apparence irréalisable, on doit garder à l’esprit qu’il sera étalé sur 8 années, ce qui change beaucoup de choses.
L’enveloppe allouée à la rénovation et construction des stades ne représentera pas la part la plus importante du financement. Celle-ci sera plutôt à voir du côté des infrastructures liées à l’organisation (routes, aéroports, infrastructures hôtelières). Et avec ou sans Coupe du Monde à organiser, le Maroc a sensiblement besoin de se mettre à niveau en termes d’infrastructures de base. Plus que bénéfiques à termes, ce sont des investissements nécessaires.
De plus la technologie actuelle permet la construction de stades modulables. De cette sorte, ils peuvent être ramenés de 40 000 à 25 000 places selon les besoins de la ville, du club ou de l’évènement sportif à accueillir. L’idée est d’amortir au maximum le coût de construction, et de rentabiliser au mieux la structure existante. La Russie a construit des stades à capacité modulable juste pour sa Coupe du Monde. De son côté le Qatar pousse la logique encore plus loin en projetant de construire un stade entièrement démontable, pouvant être déplacé d’une ville à l’autre, voire d’un pays à un autre. Mieux encore, à Lyon, un complexe de 12.000 places, entièrement modulable, a pu être construit en seulement 82 jours. De quoi nous inspirer.
Les conséquences économiques pessimistes sont également à pondérer. La comparaison avec l’Afrique du Sud et le Brésil ne tiennent pas vraiment. Ces pays partaient avec des infrastructures de base bien meilleures que les nôtres et ont investi énormément d’argent dans des stades qu’ils ont du mal à rentabiliser. Une erreur qu’on devra se garder de faire avec nos stades modulables.
Maroc : un pays où les touristes valent mieux que le peuple lui même
Même en relativisant le coût de cette Coupe du Monde, doit-elle être une priorité pour nous ? Les investissements en termes de stades -infrastructures dont on peut dire qu’elles n’urgent pas- vont se chiffrer en milliards de dollars, autant d’argent dont on pourrait penser qu’il puisse être dépensé autrement. Mais c’est là que le bas blesse…
Le Maroc a déjà échoué 4 fois à remporter l’organisation de la Coupe du Monde. Pouvons-nous penser que l’argent économisé ait servi à améliorer notre quotidien ? Nous sommes en 2018 et nous n’avons toujours pas d’infrastructures décentes. En temps normal, on devrait penser que celles-ci doivent être construites sans Coupe du Monde, car il y va du bon sens et du développement du pays. Mais envisager que cela se fasse pour les beaux yeux du peuple marocain relève clairement de la naïveté. Nous appartenons à un pays où on agit pour plaire aux étrangers avant de servir nos propres citoyens. Alors si l’accueil d’une Coupe du Monde peut permettre au peuple de jouir de meilleures infrastructures, même si à la base elles ne lui sont pas vraiment destinées, on prend.
La COP 22 est le meilleur exemple. Grâce à cet évènement, l’aéroport de Marrakech a été rénové et la ville ocre a bénéficié d’une remise à niveau appréciable. Pour la première fois de l’histoire de ce pays, des travaux ont pu être achevés à temps. Merci à la COP 22 et à la présence étrangère, les Merrakchis vous sont très reconnaissants.
Coupe du Monde 2026 : la meilleure mauvaise chose qui pourrait nous arriver
Résumons ce raisonnement. A la base, organiser une Coupe du Monde est loin d’être une priorité pour nous, surtout au vu des coûts astronomiques de tous les stades qu’il faudra construire. Mais la perspective d’acceueillir cet évènement nous poussera à faire bonne figure, plaire aux étrangers, étant, notre sport favori. En bon complexés que nous sommes, comme à la COP 22, on travaillera dur afin de ne pas décevoir nos visiteurs. On leur offrira infrastructures de qualité, réseau routier de bonne facture, et services de santé décents. Une fois la Coupe du Monde finie, tout ce beau monde partira, mais les infrastructures resteront. Et vu qu’accessoirement il y a des habitants au Maroc qui sont les marocains eux-mêmes, le peuple en profitera par ricochet, et il s’en contentera pleinement.
C’est pour cela qu’on peut penser, certes pour de très mauvaises raisons, que l’organisation de cette Coupe du Monde sera finalement une bonne chose, un mal pour un bien. Et pour cela, on sera bien ravis de l’accueillir.
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