Mehdi Ben Barka, un espion selon les renseignements tchèques ?

Par le 26 décembre 2021 à 19:55

 

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Le militant marocain assassiné mystérieusement à Paris en 1965 a été toujours été un symbole de la lutte contre l’impérialisme. Des dossiers des services secrets tchécoslovaques révèle autre chose rapporte Le360.

 

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Mehdi Ben Barka, cet espion ?

The Guardian publie ce dimanche 26 décembre 2021 un article dont le titre est  «Le chef de l’opposition marocaine Mehdi Ben Barka était un espion, suggèrent les dossiers de la guerre froide». L’enquête s’appuie  sur les révélations de documents déclassifiés du renseignement tchèque. Il suggère que Ben Barka recevait des paiements contre les informations et soupçonne  le fait qu’il était un agent double.Des dossiers jusque-là classifiés de Prague démontrent en effet que Ben Barka avait non seulement une relation étroite avec le Státní Bezpečnost (StB), le redouté service de sécurité tchécoslovaque, mais qu’il en a reçu des paiements substantiels, tant en espèces qu’en nature, révèle la publication britannique.

«Ben Barka est souvent décrit comme un combattant contre les intérêts coloniaux et pour le tiers-monde, mais les documents révèlent une image très différente: un homme qui jouait sur plusieurs tableaux, qui en savait beaucoup et savait aussi que l’information était très précieuse dans le contexte de la guerre froide; un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux», a déclaré le Dr Jan Koura, professeur adjoint à l’Université Charles de Prague, qui a eu accès au dossier.

Jan Koura a non seulement pu accéder à l’intégralité du dossier Ben Barka dans les archives du StB, mais a également recoupé ses 1.500 pages avec des milliers d’autres documents secrets nouvellement publiés. «Il n’y a aucun doute sur [la connexion tchèque]. Tous les documents le confirment», a déclaré Jan Koura au journal britannique.

Refaire l’histoire…

D’après le dossier consulté par le Dr Jan Koura, les relations de Ben Barka avec le StB ont commencé en 1960, lorsqu’il a rencontré son espion le plus haut placé à Paris. «Les espions de Prague espéraient que cet éminent leader de la lutte pour l’indépendance du Maroc et fondateur de son premier parti d’opposition socialiste fournirait des renseignements précieux, non seulement sur l’évolution politique du royaume, mais aussi sur la pensée des dirigeants arabes tels que le président égyptien, Gamal Abdel Nasser», écrit la publication.

Peu de temps après leurs premières réunions, poursuit-elle, le StB a rapporté que Ben Barka était une source d’informations «extrêmement précieuses» et lui a donné le nom de code «Cheikh», révèlent les archives.

The Guardian cite une série d’opération de renseignements réalisées par Ben Barka au profit du StB. En septembre 1961, selon le dossier, Ben Barka avait reçu 1.000 francs français du StB pour des rapports sur le Maroc. Ben Barka s’est également vu proposer un voyage tous frais payés en Afrique de l’Ouest pour recueillir des renseignements sur les activités américaines en Guinée équatoriale. Cette mission a été considérée comme un succès.

Les tchécoslovaques, qui soupçonnaient par ailleurs Ben Barka d’avoir des relations avec d’autres acteurs de la guerre froide, notamment les Etats-Unis, ont invité le leader politique marocain à Prague, où il a accepté d’aider à influencer la politique et les dirigeants en Afrique en échange de 1.500 livres sterling par an, indique The Guardian.

Ce n’est pas tout !

Mehdi Ben Barka, leader du néo-Istiqlal, vient d’annoncer la constitution de l’Union Nationale Des Forces Populaires et montre, lors d’une conférence de presse le 09 Septembre 1959 à Casablanca, le document contenant le manifeste et les signatures des personnalités de toute tendance qui ont constitué le nouveau mouvement. AFP / PRESSE-AFRICORIENT (Photo by DSK and – / PRESSE-AFRICORIENT / AFP)

La même source indique que Ben Barka a été envoyé en Irak pour obtenir des informations sur le coup d’Etat de février 1963, pour lequel il a reçu 250 livres, selon les documents. En Algérie, il a rencontré à plusieurs reprises le président Ahmed Ben Bella et a rendu compte de la situation dans ce nouvel Etat indépendant.Au Caire, poursuit l’article, «on lui a demandé de recueillir des informations auprès de hauts responsables égyptiens qui pourraient aider les soviétiques dans les négociations lors d’une visite de Nikita Khrouchtchev, le premier ministre de l’URSS. Les rapports de Ben Barka sont parvenus aux services de renseignement soviétiques, qui ont jugé le matériel fourni comme très précieux. En récompense de ses services, lui et ses quatre enfants ont été invités en vacances dans un spa en Tchécoslovaquie, révèle les recherches de Koura».

«Ben Barka n’a jamais admis qu’il collaborait [avec les services de renseignement], et le StB ne l’a jamais répertorié comme un agent, juste comme un «contact confidentiel». Mais il fournissait des informations et était payé », a déclaré le Dr Koura, cité par l’article.

 

La réponse de l’entourage

Une accusation que les défenseurs de Ben Barka contactés par The Guardian nient catégoriquement. Ils disent que bien que les analyses de Ben Barka aient pu être utiles au StB, cela ne fait pas de lui «un agent». Ils soutiennent également qu’un tel rôle aurait été incompatible avec l’engagement de Ben Barka à préserver «le mouvement du tiers-monde de l’influence soviétique et chinoise».

Bachir Ben Barka, son fils, a déclaré au journal «que les relations de son père avec les Etats socialistes et autres étaient simplement celles que l’on pouvait attendre de toute personne profondément engagée dans la lutte mondiale contre l’impérialisme et l’exploitation coloniale à l’époque».Jan Koura est, lui, moins convaincu de l’altruisme de Ben Barka, souligne la publication. «Il y avait à la fois du pragmatisme et de l’idéalisme. Je ne le condamne pas. La guerre froide n’était pas seulement en noir et blanc », a-t-il déclaré.

Dans ses derniers mois, rappelle The Guardian, Ben Barka était occupé à organiser la Conférence tricontinentale, un événement qui réunirait à Cuba des dizaines de mouvements de libération, des groupes révolutionnaires et leurs sponsors. Mais les Soviétiques soupçonnaient qu’il était devenu trop proche des Chinois, leurs rivaux pour le leadership de la gauche mondiale. «Des responsables soviétiques ont déclaré au StB que Ben Barka avait reçu 10.000 dollars de Pékin et ont fait pression sur le service pour lui retirer tout soutien ou protection».

Sa dernière visite à Prague aura lieu peu avant sa disparition à Paris, indique The Guardian, affirmant que «le StB a amené Ben Barka à Prague pour une semaine de formation en communications, codes, surveillance et contre-surveillance. C’était trop peu, trop tard, cependant. Une semaine après avoir demandé une arme de poing au StB, Ben Barka a été enlevé et tué».

Persévérante, réservée et solitaire. Beaucoup d’échecs ont fait que je ne croyais plus en moi, mais je ne me suis jamais résignée, car la vie c’est des montagnes russes et les échecs deviennent avec le temps une source de motivation.

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